Des reliefs à perte de vue, les nuages tout proches, l’air frais qui remplit vos poumons… Vous voilà en montagne. Préservé des pollutions de la ville ? Pas tout à fait.
Des microplastiques en montagne
Fin décembre 2021, une équipe de recherche internationale montrait la présence de microplastiques au sommet du Pic du Midi. À 2 877 mètres d’altitude ! Pour le savoir, ces scientifiques (du CNRS et de l’Université Grenoble Alpes notamment) ont installé une pompe à l’Observatoire du Pic du Midi aspirant 10 000 m3 d’air par semaine. Certes, il n’y avait qu’un microplastique tous les 4 mètres cubes, ce qui ne représente pas de danger pour la santé. Mais le résultat est « surprenant dans un endroit éloigné des sources de pollution », de l’aveu même des scientifiques. Qui ont par ailleurs trouvé d’où venaient ces microplastiques (invisibles à l’œil nu). Ils sont transportés par des masses d’air : d’Afrique, d’Amérique du Nord ou encore de l’océan Atlantique.
On savait déjà que la haute montagne n’était pas épargnée par les microplastiques. En 2019, une équipe de chercheurs du CNRS avait analysé les pluies et les neiges des Pyrénées (Ariège) – et non l’air -, dans une zone Natura 2000 située à un peu plus de cinq kilomètres du village le plus proche. Verdict : ils avaient décompté un dépôt de plus 365 particules de microplastiques par mètre carré et par jour. Un chiffre comparable à celui de grandes métropoles comme Paris…
Steve Allen, chercheur et l’un des auteurs de l’étude, détaillait : « Ce que nous pouvons prouver sans équivoque, c’est qu’elles sont transportées par le vent. Cela laisse penser que ce n’est pas seulement dans les villes que vous respirez cela, mais que les microplastiques peuvent aussi se déplacer assez loin des sources. »
Dans les vallées, l’air est moins pur
Mais la montagne, ce n’est pas que les sommets : quid des vallées ? C’est là que le bât blesse… « L’accès à nos régions montagneuses se fait quasi exclusivement en voiture, comme plus de 80% des activités touristiques dans notre région, indique Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’observatoire de la qualité de l’air. Sur les terrains escarpés et sinueux des montagnes, l’utilisation en masse de la voiture génère davantage de consommation de carburant et engendre des embouteillages sur les axes lors des pics de fréquentation.» Bien sûr, mieux vaut s’éloigner des grands axes routiers pour retrouver de l’air sain.
Mais c’est toujours mieux que dans une grande ville !
Ne nous leurrons pas : il vaut toujours mieux respirer l’air des Alpes que celui des grandes villes. Comme le résume le programme Pova (qui étudie la pollution des vallées alpines) : « C’est surtout parce que le relief et la météorologie vont contribuer à « capturer » les polluants dans les vallées que la qualité de l’air peut s’y dégrader quelques jours dans l’année, alors que dans les grandes villes, c’est parce les polluants y sont rejetés en grande quantité quotidiennement.»