Comme dit l’ex député européen Daniel Cohn-Bendit, l’écologie est devenue «la mère des batailles ». Et c’est une bonne nouvelle. Le Monde du 14 mai indique qu’avec 10% des émissions mondiales de CO2, l’Union européenne (UE) est le troisième pollueur de la planète après la Chine (27%) et les États-Unis (15%). Et la France, le troisième pollueur de l’UE avec 10%, après l’Allemagne (22,5%), et le Royaume-Unis (10,9%).
Les candidats aux élections européennes du 26 mai ont donc clairement hissé le pavillon de l’urgence climatique. 34 listes sont déposées. Mon Quotidien Autrement propose une sélection de propositions en faveur de l’écologie issues des programmes des six premiers candidats.
Les pourcentages indiqués proviennent des sondages de Paris-Match du lundi 20 mai consultables sur le lien « Les européennes en temps réel ».
Le « localisme » du Rassemblement national (RN) (24%)
Pas de pavillon vert, mais une position nouvelle à travers « l’écologie identitaire ». La liste défend une « vision totalement alternative de l’écologie », par « la protection des écosystèmes à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations ». Elle prône « la relocalisation des activités humaines », le soutien aux circuits courts via une « détaxation ». Le RN invente « le localisme », c’est-à-dire « la production, la consommation et le retraitement dans un périmètre géographique le plus raisonnable possible ».
1.000 milliards pour La République en Marche (LaRem) (22,5%)
Le parti d’Emmanuel Macron veut faire de l’Europe une « puissance verte ». Il promet d’investir « au moins » 1000 milliards d’euros d’ici à 2024 pour développer des énergies et transports propres, rénover les logements, sortir des hydrocarbures d’ici à 2050, sortir du glyphosate d’ici à 2021 et diviser par deux des pesticides d’ici à 2025. Pour financer ce programme, le parti préconise la création d’une Banque du climat, la taxation du carbone et la taxation des transports aériens.
Une barrière pour Les Républicains (LR) (13,5%)
La liste LR propose un « plan européen pour le climat et la biodiversité » qui favoriserait les prêts à taux zéro de la Banque européenne d’investissement au profit des États-membres, des collectivités, des entreprises et des particuliers. Elle entend «instaurer une barrière écologique, avec la mise en œuvre de droits de douane anti-pollution sur les produits importés de pays qui ne respectent pas nos normes environnementales ou sociales». Ces droits serviraient à augmenter le budget européen dédié à la recherche et à l’innovation.
« Règle verte » pour La France insoumise (LFI) (9%)
LFI axe sa campagne sur l’instauration de la «règle verte», c’est-à-dire l’interdiction de prélever à la planète d’avantage que ce qu’elle est capable de supporter. Elle met en place un Plan de transition énergétique vers les énergies renouvelables par la sortie du nucléaire. LFI prône une réorientation vers « une agriculture écologique et paysanne », avec « un transfert massif des subventions de la PAC vers les petites exploitations et l’agriculture bio », « un plafonnement des aides pour les grosses exploitations », l’interdiction des pesticides, néonicotinoïdes, OGM et glyphosate. LFI veut aussi introduire le « 100% bio » dans la restauration scolaire, interdire les produits issus de la déforestation, les agrocarburants ainsi que les « fermes-usines ».
Les « mesures totales » d’Europe écologie Les Verts (EELV) (6,5%)
Réviser les principes fondamentaux régissant l’Union européenne pour les adapter à l’urgence environnementale : c’est le choix d’EELV, qui propose d’adopter « un nouveau traité environnemental européen ». Le programme est fourni : obligation de protéger le climat et de « fixer des critères de convergence écologiques » entre les États-membres, non-prolifération des énergies fossiles, décarbonisation totale de l’UE d’ici à 2030, limitation considérable de la consommation de « produits d’origine animale », interdiction immédiate des pesticides, instauration d’une journée hebdomadaire végétarienne dans tous les restaurants collectifs et scolaires d’Europe. Le parti veut « donner des droits au vivant », en instaurant la possibilité d’ester en justice au nom d’un écosystème, et de faire reconnaître le crime « d’écocide ».
Et pour finir, il veut aboutir à « 100% d’énergies renouvelables » en 2050. Pour financer cet ambitieux programme, EELV prône une Banque européenne du climat et de la biodiversité . Celle-ci financera un « plan d’investissement fort » de 100 milliards d’euros.
L’écologie avant l’austérité, au Parti socialiste et Place publique (PS-PP) (6%)
La liste propose de sortir les dépenses liées aux politiques écologiques de la règle des 3 % de déficit public, et de modifier la fiscalité écologique. Une Banque européenne pour le climat et la biodiversité financerait la transition écologique grâce à des prêts à taux privilégiés. Le but est « faire passer l’écologie avant l’austérité ». Le parti a évalué à 500 milliards d’euros sur cinq ans les besoins dédiés au climat et à la biodiversité, financés par un impôt européen sur les sociétés. Parmi ses autres propositions : « taxer le kérozène intraeuropéen », instaurer une taxe carbone aux frontières, investir massivement dans la recherche indépendante en matière d’énergies renouvelables, sortir du charbon, sortir du moteur diesel en 2030 et essence en 2040. Et pour finir : reconnaissance internationale de l’écocide.
Sur le papier, l’ensemble des propositions semblent aller dans le bon sens. Mais alors que choisir si l’on veut faire un vote profondément et sincèrement écologique ? On peut opter pour le ou les partis qui ont fait de l’écologie leur combat depuis déjà très longtemps. On peut aussi choisir un parti qui s’engage en annonçant clairement le budget qu’il souhaite allouer à la transition écologique et les moyens qu’il envisage pour trouver l’argent. Reste à savoir si toutes les promesses seront tenues …
Vous avez le choix. A vous de jouer le 26 mai !
Merci pour cet article éclairant
Merci Valérie !