Mi octobre, une drôle de session jardinage a eu lieu à Fos-sur-mer, dans les Bouches-du-Rhône. Les pompiers ont décidé de se protéger du feu en… plantant des arbres. Pas n’importe lesquels : des arbres pyro résistants. Une première autour d’une caserne en France. Soit des chênes, des oliviers, des arbousiers, des amandiers… « À la différence d’un résineux comme le pin, qui crée un fort rayonnement de chaleur et émet des gaz toxiques, l’olivier est moins haut et va brûler beaucoup plus difficilement », a expliqué Julien Altero, sapeur-pompier et président de Replanter la forêt provençale, à Ouest France.
Le pin d’Alep : premier à mourir, premier à renaître
Dans des paysages de désolation, certains roulent carrément des mécaniques. Car il y a les arbres pyro résistants, mais il y aussi les arbres pyrophytes, c’est à dire qui aiment le feu. En plein incendie, ils s’enthousiasment ! Sur le podium, on trouve le pin d’Alep, très fréquent dans le sud de la France. Ses aiguilles sont très inflammables pourtant. Premier à mourir, oui, mais aussi premier à renaître. Ce dernier a « développé des stratégies de résilience grâce à des cônes sérotineux, capables de protéger les graines lors du passage du feu et de les libérer ensuite dans un milieu peu concurrentiel, favorable au développement des semis et à leur survie », résume Michel Vennetier, ingénieur forestier et docteur en écologie.
En deux mots : la chaleur fait fondre la résine qui protège la graine, et celle-ci tombe au sol sans aucune voisine, sur un sol chaud. En bref, elle est au top. Il ne faut pas, bien sûr, qu’il fasse trop chaud : elle ne résiste pas à « plus d’une semaine d’exposition à des températures de 60 à 70°C durant 4 heures par jour », poursuit l’ingénieur – ce qui est déjà pas mal. Le Callistemon (appelé rince-bouteille à cause de la forme de sa fleur) adore aussi le feu. Sans lui, il peine à se reproduire. Les fruits restent accrochés au manchon, et attendent tranquillement une chaleur satanique pour exploser et libérer leurs graines. « Passez une flamme sous les capsules pour libérer les graines très fines », conseille Truffaut à ceux qui ne veulent pas jouer avec le feu !
L’écorce protectrice du chêne-liège
D’autres plantes sont carrément pyromanes, comme les eucalyptus. « Ils produisent des vapeurs hautement inflammables. Le feu leur permet de faire place nette pour pouvoir conquérir la surface et assurer leur hégémonie », explique France TV info.
Enfin, de nombreux arbres tentent tant bien que mal de se protéger des chaleurs, sans toutefois y prendre plaisir. Prenez le chêne-liège. Il se protège du feu grâce à son écorce très épaisse (jusqu’à 30 centimètres d’épaisseur). Essayez de brûler un bouchon de liège, vous verrez que ce n’est pas une mince affaire.