On fantasme sur les plages de sable blanc de Nouvelle-Calédonie. On s’étonne de la couleur noire des plages des îles Canaries. On s’émerveille devant les plages de sable rouge des Galapagos. En revanche, on a bien du mal à visualiser une plage de sable vert. Et pourtant… ce sable à l’étrange couleur aurait une vertu tout aussi étonnante : il permettrait de lutter contre le réchauffement climatique.
L’an dernier, une équipe de chercheurs de l’ONG Project Vesta a recouvert une plage de Caraïbes de sable vert dans le cadre d’un projet pilote. Ce « sable » vert est en fait de l’olivine broyée. Ce minerai contenu dans les roches volcaniques basaltiques doit son nom à sa couleur vert olive. Lorsqu’elle entre en contact avec l’eau, l’olivine s’altère. Elle capte le CO2 présent dans l’atmosphère pour produire du bicarbonate (HCO3). Rejeté dans l’océan, le bicarbonate est consommé par des organismes marins puis transformé en coquillages et structures coralliennes qui stockeront le CO2.
Du sable vert pour stocker le carbone et désacidifier les océans
On appelle cette méthode une « altération forcée ». Ce faisant, le sable serait ainsi capable de stocker le carbone. Par ailleurs, les composés produits, étant alcalins, réduisent l’acidification de l’océan, phénomène également responsable du réchauffement climatique.
« Notre but est d’inverser le changement climatique en transformant des milliers de milliards de tonnes de dioxyde de carbone en rochers, explique Tom Green, le président de l’ONG sur le média Fast Company. Si nous versons de l’olivine sur 2% des côtes du monde entier, ce sera suffisant pour stocker 100% des émissions de carbone des êtres humains », affirme-t-il. Le projet est ambitieux. Une telle tâche nécessiterait l’emploi de 1 500 000 mineurs dans le monde pour extraire le minerai. On peut s’interroger sur l’impact environnemental de l’extraction puis du transport d’une telle quantité d’olivine. Selon les fondateurs du projet, « la quantité de CO2 produite, ne représenterait qu’un vingtième de celle qui serait définitivement supprimée ».
Reste donc à savoir si l’expérimentation caraïbéenne est concluante. Toutefois, l’olivine, comme toute ressource, n’est pas illimitée sur la planète. Le développement de ces solutions de captage de carbone doit donc être accompagné d’efforts pour réduire nos émissions de Co2.