Cinq jours après la mobilisation contre les méga-bassines à Sainte-Soline, le Président de la République, Emmanuel Macron, a présenté le 30 mars le « plan eau » du gouvernement, visant à améliorer la gestion de cette ressource sur le territoire.
Deux mesures principales
« Le changement climatique va nous priver de 30 % à 40 % de l’eau disponible dans notre pays à l’horizon 2050 », a expliqué le chef de l’État. Au même moment, le niveau des nappes phréatiques étaient très bas à la sortie de l’hiver : 80 % d’entre elles présentaient un niveau bas ou très bas, selon le BRGM, le service géologique national.
Lors de cette annonce, le Président a fixé l’objectif d’économiser 10 % d’eau dans tous les secteurs d’ici à 2030. Parmi les principales mesures pour y parvenir figurent une hausse de la réutilisation des eaux usées, dont la part doit passer de 1 % actuellement à 30 % en 2030, et la lutte contre les fuites dans le réseau de distribution, responsables de la perte d’environ 20 % de l’eau potable.
Des objectifs en baisse
Cet objectif de 10 % d’économie d’eau est en baisse par rapport à ce qui avait été annoncé en 2019 lors des Assises de l’eau. Cette série de rendez-vous avec des collectivités territoriales, des associations, des instituts de recherche et des entreprises avait en effet été plus ambitieuse. L’objectif décrété était de baisser les prélèvements d’eau de 10% d’ici à 2025 et de 25% en 15 ans. Le gouvernement revient donc en arrière …
Peu d’ambitions pour l’agriculture
L’agriculture représente le secteur le plus consommateur d’eau douce en France, avec 58 % de la part d’eau consommée, selon le service de statistique du ministère de la Transition écologique. Le Président de la République a affirmé qu’il fallait « accompagner la transformation de notre modèle agricole ». Les agriculteurs qui s’installeront en bio ou dans une démarche agro-écologique « seront favorisés », promet le plan. Des aides subventionneront des diagnostics eau et sols, ou encore l’installation de systèmes d’irrigation plus économes, comme le goutte à goutte.
Pourtant, peu de nouvelles ambitions ont été affichées pour ce secteur d’activités. Emmanuel Macron n’a pas parlé de réduire les prélèvements d’eau. « On doit faire plus d’irrigation avec la même quantité d’eau. Cela veut dire innovation, partage, meilleure organisation », a-t-il déclaré. Aujourd’hui, les surfaces agricoles irriguées représentent 7 % du total. Des ONG comme Oxfam, ou bien le syndicat agricole La Confédération paysanne, ont déploré qu’aucune annonce n’ait été faite pour réduire le recours aux méga-bassines.
Tarification progressive de l’eau
Le plan eau prévoit aussi une «tarification progressive et responsable». «Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant. Au-delà d’un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé», a expliqué Emmanuel Macron. Ainsi, plus un usager consommera d’eau, plus il paiera cher son mètre cube.
Plusieurs municipalités ont déjà testé le principe en France. C’est le cas de Dunkerque, depuis 2012. Grâce à un barème progressif en trois tranches, la consommation moyenne des habitants est aujourd’hui de 67 m3 d’eau par an, soit 16% de moins que la moyenne nationale (80 m3).