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Entretien

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“C’est par ennui ou par manque de présence adulte que l’enfant se retrouve devant les écrans”

La psychologue clinicienne Sabine Duflo nous explique les règles à mettre en place pour éviter que nos enfants deviennent accros aux écrans.

Sabine Duflo s'intéresse à l'impact de la surexposition aux écrans pour les enfants depuis une quinzaine d'années. Crédits capture d'écran vidéo La MAE

Paru le 3 septembre 2024, modifié le 8 septembre 2024

Ecrit par Déborah de Mon Quotidien Autrement

La psychologue clinicienne Sabine Duflo s’intéresse à l’impact de la surexposition aux écrans pour les enfants depuis une quinzaine d’années. Elle nous explique quelles peuvent en être les conséquences et comment l’éviter.

Quelles sont les principales conséquences d’une surexposition aux écrans ?

Les principales conséquences sont la baisse de l’attention volontaire, le retard d’acquisition du langage, un manque de capacité à réguler ses émotions, un comportement social inadapté. Ces compétences s’acquièrent dans l’échange avec le parents ou les groupes élargis comme la famille ou l’école, et non via des écrans.

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux conséquences de l’exposition aux écrans chez les enfants ?

J’ai commencé à m’intéresser à cette problématique il y a une quinzaine d’années. En tant que thérapeute familiale systémique, j’essaie de comprendre l’enfant dans son environnement familial, mais aussi scolaire par exemple. Je suis partie d’une observation pragmatique. Je rencontrais de plus en plus d’enfants, quel que soit le milieu social duquel ils étaient issus, qui présentaient des difficultés d’attention, de l’agitation, une forme d’inadaptation sociale. Dans 95 % de cas, ces symptômes étaient en réalité liés à un trop-plein numérique.

Jusqu’à l’arrivée du numérique, notre environnement était composé d’êtres humains. Aujourd’hui, nous sommes éduqués par des machines. Cela conduit à une surstimulation des enfants qui affecte leur capacité d’attention et à une baisse des interactions sociales, qui sont le socle de la socialisation.

En quinze ans, avez-vous constaté des évolutions ?

La situation s’est aggravée, car les temps d’exposition s’allongent et sont plus précoces. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à cette problématique, l’âge d’acquisition du smartphone était autour de 12 ans. Aujourd’hui, il est de 9 ans.

A l’inverse, on note une prise en conscience de la part des médias, qui effectuent un travail d’alerte, et de la part d’une partie des familles qui sont désormais très informées et qui essaient d’introduire le numérique le plus tard possible.

On assiste à une polarisation de la société sur ces questions.

Quel conseil donneriez-vous aux parents au regard de cette tendance croissante à la surexposition des enfants aux écrans ?

Dans l’idéal, il faut se poser cette question avant même d’être parent. Il faut s’interroger sur le temps que l’on consacre à ces objets au quotidien et quel usage nous en faisons. Ce n’est pas le même chose d’être sur TikTok, et de répondre au téléphone. Il faut ensuite faire le bilan de sa propre consommation, par jour ou par semaine. Décider d’être parent, c’est aussi prendre conscience du fait qu’il va falloir consacrer quasiment tout son temps à ce petit enfant pendant les deux premières années de sa vie. C’est cette disponibilité qui va lui permettre d’acquérir des compétences langagières, la confiance en lui, etc. Avoir des enfants n’est pas une obligation. C’est par contre une responsabilité. Et cela témoigne aussi d’un certain courage que de changer son mode de vie et de renoncer à des écrans qui peuvent accaparer jusqu’aux deux tiers de la journée. Car c’est lorsque les parents ne sont pas assez disponibles, et que les enfants sont exposés aux écrans, que l’on peut voir apparaître des troubles.

Quel conseil donneriez-vous aux parents pour éviter cette sur-exposition ?

J’ai établi la règle des 4 PAS qui doit permettre d’éviter cette sur-exposition. Il s’agit de règles familiale, qui s’appliquent à tous : à tous les enfants et aux parents.

  1. Pas d’écran le matin. Et surtout pas avant l’école. Pas même les informations ou cinq minutes de dessins animés. Pas non plus les jours sans école. Car le matin est le moment de la journée durant lequel la capacité d’attention est la plus importante. C’est un bon moment pour faire d’autres activités.
  2. Pas pendant les repas. Les repas constituent un temps d’échange entre parents et enfants. Cela signifie pas de télé en bruit de fond, et pas de portable à table.
  3. Pas d’écran dans la chambre des enfants. Le parent ne peut alors plus du tout contrôler l’usage des écrans par les enfants. Si console de jeu il y a, elle doit être dans le salon. Et l’introduction du téléphone doit se faire le plus tard possible, avec des règles.
  4. Pas avant de se coucher. Car l’exposition à la lumière bleue empêche la sécrétion de mélatonine. C’est cette hormone qui assure un sommeil de qualité.

Quels conseils donneriez-vous à des parents qui constatent que leur enfant passe trop de temps devant les écrans ?

Lorsqu’il s’agit d’un collégien, la première chose à faire est d’ouvrir le dialogue. Et de s’assurer que l’on est toujours dans son rôle de parent. C’est de la responsabilité des parents d’établir un cadre, qui assure que les enfants mangent, ont assez de temps de sommeil, que l’enfant ne s’endort pas devant son téléphone. C’est au parent d’établir des règles. Il faut aussi être présent, disponible pour son enfant. Être là, à la maison, et pas devant un écran. Lui proposer des activités. Dans 95 % des cas, c’est par ennui ou par manque de présence adulte qui l’enfant se retrouve dans les écrans.

Quel est votre regard sur l’usage du numérique à l’école ?

J’ai un jugement assez sévère sur le numérique à l’école. Mon constat est que ces écrans ont surtout été introduits pour offrir un débouché commercial aux edtech. Cela n’a pas été fait dans un souci de recherche intelligente de ce qui pouvait être le plus adapté aux enfants. Des études ont montré que l’équipement des établissements scolaires en écrans n’a pas produit des enfants plus débrouillards et ne leurs a pas apporté plus de compétences dans les fondamentaux. Aujourd’hui, de plus en plus de collectifs se forment pour protester et demander à ce que l’usage du numérique soit limité à l’école.

Les écrans sont-ils nécessairement nocifs ?

Les machines tendent à faciliter certaines compétences. Mais il faut déjà avoir acquis les bases. Il est par exemple possible d’utiliser les réseaux sociaux à des fins de socialisation, mais seulement à partir d’un certain âge, une fois que les compétences sociales sont acquises.

Il y a des utilisations intéressantes, bien sûr, mais qui doivent être introduites plus tard. Au lycée, voire au collège dans certains cas. Mais cela n’a aucun sens avant le collège. Si ce n’est pour enrichir les edtech.

 

Avis sur : “C’est par ennui ou par manque de présence adulte que l’enfant se retrouve devant les écrans”

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