L’école en fait-elle assez face à la crise écologique ? Les grèves pour le climat lancées par Greta Thunberg ont montré, si l’on en doutait, à quel point les enfants et adolescents s’inquiètent et ont envie d’agir.
L’éducation au développement durable, ou EDD, fait déjà partie du cursus des élèves. L’État en a remis une couche avec la loi Climat et résilience de 2021. « Toutes les disciplines y concourent », lit-on, afin de préparer les élèves « à l’exercice de leurs responsabilités de citoyen ». « Au terme de leur scolarité, les élèves doivent être en mesure de s’emparer des enjeux du développement durable, d’adopter des comportements individuels et collectifs responsables, d’envisager des avenirs équitables et réalistes, de participer aux débats de société, voire de s’engager », écrivait le Conseil supérieur des programmes en mars 2023.
Concrètement, outre les cours, des actions et des projets de sensibilisation et de protection de l’environnement sont mis en œuvre. Un bon exemple : les éco-délégués, rendus obligatoires dans les collèges et lycées depuis 2020.
73% se sentent trop peu outillés
Sur le papier, c’est plutôt alléchant. Mais dans les faits ? 49 % des enseignants estiment que la situation environnementale leur donne envie d’agir, selon une étude de la Maif (2023). Mais 73% se sentent trop peu outillés… Voir l’écologie comme une discipline transversale, c’est super, mais alors qui s’en charge? Souvent, il s’agit d’un ou deux enseignants super motivés, comme ce professeur de physique-chimie au collège Vincent Van Gogh en Meurthe-et-Moselle, qui chapeaute depuis 10 ans une webradio écolo. D’autres créent des serres, des récupérateurs d’eau de pluie… Et, parfois, s’épuisent.
Autre problème : la ligne idéologique libérale qui transparait des programmes. « L’enseignement repose essentiellement sur la notion de développement durable , regrette Maul Valegas dans Reporterre. Au lieu d’être dans la logique de ralentir, on reste dans la seule logique de s’adapter à un monde en crise ».
Le collectif Les Enseignants pour la planète ne dit pas autre chose. « Dans nos salles de classe, nous avons accepté trop longtemps d’enseigner le « développement durable », entretenant chez les élèves l’illusion que la situation était sous contrôle, prise au sérieux par les gouvernements du monde », écrivait le collectif dans une tribune : « Nous déclarons que nous ne voulons plus être les instruments d’une propagande rassurante, qui rend invisible la catastrophe écologique. »
Enfin, face aux émotions que provoque la destruction du monde, les enseignants sont démunis. Leur formation reste lacunaire sur ces enjeux, assure Laure Pillot, enseignante à l’université d’Angers et formatrice INSPÉ, dans un rapport de la Fondation Jean Jaurès sur l’éco-anxiété. « Nous avons un problème de formation des enseignants pour capter et encadrer ces espaces d’expression des émotions, en vue d’accompagner la prise de parole tout en accompagnant l’acquisition de connaissances. » La pédopsychiatre Laelia Benoit défend ainsi le développement en France d’une « pédagogie émotionnelle ».