A l’approche de l’élection présidentielle, nous avons voulu savoir quels moyens financiers les différents candidats comptent déployer pour financer la transition écologique. Combien prévoient-ils investir ? D’où va venir cet argent ? Nous avons envoyé à chacun d’entre eux un questionnaire sur le sujet. Anne Hidalgo est la première candidate à nous avoir répondu. Nous publierons les données des autres candidats au fur et à mesure qu’elles nous parviendront.
Quels seront vos trois chantiers écologiques prioritaires ?
Anne Hidalgo : Nous mènerons un grand plan pluriannuel de rénovation énergétique des bâtiments, basé sur un nouveau dispositif. Les Français n’auront aucun frais à avancer au moment des travaux et le remboursement, dont l’ampleur dépendra du niveau des revenus, se fera au moment de la revente ou de la succession. Ce dispositif permettra la rénovation complète et performante de 760 000 logements privés par an, soit 22 millions de logements d’ici 2050.
Nous investirons massivement dès 2022 pour atteindre le 100% d’énergie renouvelable aussi rapidement que possible ; c’est la seule solution pour produire l’électricité dont nous aurons besoin demain. Pour maintenir la couverture de nos besoins énergétiques (tout en veillant à mieux les maîtriser) et préserver le pouvoir d’achat des Français, il est indispensable de prolonger en parallèle la durée de vie d’un certain nombre de centrales nucléaires, en faisant notamment le grand carénage.
Nous investirons dans des mobilités durables pour tous, notamment dans l’électrique et le ferroviaire et nous assurerons aux entreprises des alternatives soutenables de fret et de transport. Les aides à l’acquisition de véhicules électriques et au rétrofit seront renforcées par la création d’un prêt à taux zéro pour la mobilité durable. Un million de bornes électriques supplémentaires seront déployées dans tout le pays, avec une priorité pour les zones rurales. Nous investirons massivement dans le ferroviaire en lien avec les Régions pour financer le retour des petites lignes, des trains de nuit et du fret ferroviaire. Les déplacements en train bénéficieront d’un taux de TVA réduit, tandis qu’une taxe empreinte carbone sur le billet d’avion sera créée lorsqu’une alternative ferroviaire comparable existe. Le doublement du fret ferroviaire d’ici à 2030 et la revitalisation des voies régulières de fret maritime et fluvial, dans le respect de la biodiversité, permettront aux entreprises de recourir à des modes de livraison soutenables.
Combien avez-vous prévu d’allouer à la transition écologique chaque année dans les 10 ans à venir (en plus de ce qui est d’ores et déjà financé par l’Etat et/ou les régions)
15 milliards d’euros de nouvelles dépenses sont financés dans mon programme pour être investis dans l’écologie.
Quelles seront les principales sources de financement de ce budget additionnel ?
Les ressources pour financer ces dépenses additionnelles seront assurées par l’établissement d’une fiscalité plus juste (ISF climat et biodiversité, impôt sur les successions des plus aisés, taxation des placements liés aux énergies fossiles), par la réduction des dépenses publiques défavorables à l’environnement, par la réorientation des financements européens du plan de relance et par les recettes tirées de la bonne santé de notre économie.
Pour le financement je pars de ce que je sais. Je sais que le patrimoine financier des 1 % des ménages les plus riches émet 66 fois plus de carbone que celui des 10 % les plus pauvres. C’est pourquoi je rétablirai purement et simplement le précédent impôt de solidarité sur la fortune et 100% de ces recettes seront utilisées pour nos propositions en faveur du climat et de la biodiversité et pour la soutenabilité de la transition écologique pour les classes moyennes et les catégories populaires. Ainsi, la mise en place parallèle d’une règle d’or climatique permettra de s’assurer qu’aucune nouvelle mesure écologique ne contribue à l’accroissement des inégalités.