Avant toute chose, mettons-nous les idées au clair : qu’appelle t-on revenu universel, ou revenu de base ? Il s’agit d’un montant versé chaque mois par l’État à tous ses citoyens, sans aucune condition de ressources, d’activité… L’idée n’est pas de rendre tout le monde inactif non plus: le revenu universel est cumulable avec un salaire. Il doit donc permettre de continuer à travailler si on le souhaite, ou de mener d’autres activités : bénévolat, formation… Son montant ? Il varie d’une proposition à l’autre. Il se situe en général entre 500 et 1000 €.
Et ces dernières semaines, on en reparle. L’idée est réapparue au sein de certains mouvements politiques, en réponse à la crise économique causée par le Covid-19. Au Royaume-Uni, 170 parlementaires ont demandé la mise en place d’un revenu pour tous, sans conditions, pendant la durée de la crise. En France, ce sont 19 présidents de Conseils généraux socialistes qui ont publié une tribune dans le JDD. Ils voient le revenu de base comme “une solution pour amortir le choc social qui risque de faire basculer nombre de nos concitoyens dans la précarité”.
Les travailleurs précaires en première ligne
Car pour comprendre ce qui les a menés à l’idée du revenu de base, il faut s’intéresser au sort des travailleurs précaires. Avec la crise du coronavirus, l’activité économique a connu un important ralentissement : dans le monde, 4 travailleurs sur 5 sont touchés par une baisse partielle ou totale de leur activité. En France, plus de 60% des entreprises ont pu faire appel au dispositif de chômage partiel depuis sa mise en place. La barre des 10 millions de travailleurs sous ce régime a été franchie fin avril. Sauf que tout le monde n’a pas accès à ce régime. Avec la baisse d’activité, les intermittents, indépendants, pigistes et autres uberisés ont perdu leurs revenus et pour eux, le chômage partiel ne s’applique pas. Ils sont donc sans ressources.
C’est là qu’interviendrait le revenu universel, “un outil qui assure que personne n’est oublié, et ce avec le moins de complication administrative possible”, assure dans Libération l’économiste Jean-Eric Hyafil, défenseur de la mesure. Parmi les “oubliés”, on peut aussi compter les salariés en fin de CDD ou les chômeurs en fin de droits.
Mais si l’idée semble convaincante, sa mise en place n’est pas aussi simple. En Espagne, le revenu universel était un thème de campagne de Podemos, entré au gouvernement en janvier dernier. Fin mars, face à la crise, les choses se sont accélérées dans ce sens : une aide de 440 € a été votée, mais seulement pour une durée d’un mois, et uniquement pour les travailleurs ayant perdu leur emploi et n’ayant pas assez cotisé pour toucher le chômage. Dans un entretien télévisé, la ministre de l’économie espagnole a déclaré vouloir faire du revenu de base « un élément structurel et permanent », mais on est encore loin d’un montant versé à tous sans conditions.
Des limites qui rappellent celles de la proposition des présidents de départements français: selon eux, le revenu de base ne doit s’appliquer qu’à la population se trouvant sous le seuil de revenu médian (1 735€ par mois pour une personne seule, source INSEE).
Même constat aux États-Unis: dans l’urgence, le gouvernement fédéral a décidé de verser chaque mois 1200 $ par adulte et 500 $ par enfant. On pourrait croire à un revenu de base, mais là aussi, la mesure est limitée à la durée de la crise, et ne concerne que les Américains touchant moins de 100 000 $ par an (soit 90% de la population quand même).
Une remise en cause du monde du travail
Alors pourquoi le mouvement s’arrête t-il en chemin? Sans doute parce que la question touche au sens que l’on souhaite donner au marché du travail. Un vaste sujet, à en lire dans Novethic Elena Ambühl, du Mouvement français pour un revenu de base :
“[La] mise en place [du revenu universel] doit impérativement s’accompagner d’un débat démocratique sur ses conditions de mise en œuvre, au regard de la société que l’on souhaite voir émerger”.
Car c’est bien là l’enjeu du revenu de base: il ne s’agit pas seulement de verser un montant à chacun des citoyens, mais bien de repenser intégralement le modèle de société. Si l’on recevait de quoi subvenir à nos besoins sans travailler à plein temps, l’économie du pays s’en verrait nécessairement profondément modifiée : dans une logique de gauche, le montant versé serait élevé, on favoriserait l’émancipation individuelle, les tâches pénibles seraient désertées et robotisées, les employés auraient plus de poids devant leurs employeurs. À l’inverse, dans une logique libérale, le montant versé serait faible, on encouragerait le travail, les minima sociaux disparaîtraient, et la société serait ultra-uberisée.
Dans tous les cas, on assisterait à une remise en cause de notre rapport au travail et, avec lui, à un bouleversement social. Mais à l’heure actuelle, les gouvernements ont d’abord une crise urgente à gérer : l’heure n’est pas à la refonte de notre système social.
Voici un sujet qu’il conviendrait de remettre au goût du jour. Plus d’un an est passé depuis l’apparition de cet article très intéressant et le revenu universel pourrait être une excellente piste pour supprimer la pauvreté là où il serait appliqué. Malheureusement, on constate que le gouvernement français agit exactement en sens contraire en imposant une réforme de l’assurance chômage qui va faire plonger sous le seuil de pauvreté environ 1 million de chômeurs ou travailleurs intermittents ! Il est urgent de réagir.
Bonjour,
Je suis plutôt pour car actuellement des aides sont versées de façon alléatoires. Après chacun fait ce qu’il veut, travaille ou pas.
Merci à tous pour vos commentaires constructifs et vos prises de position.
C’est une très bonne idée et justement cette crise devrait être le moment de remettre à plat le fonctionnement de notre société.
Cette crise remet justement en cause notre société capitaliste, qui ne cherche qu’a faire de l’argent et qui ne pense plus à l’humain, qui creuse les inégalités entre les citoyens.
Le revenu universel donne les mêmes bases à tout le monde et libère le marche du travail. On peut se permettre de travailler moins, ou d’avoir un métier qui nous plait avec de faible revenu car le revenu de base peut compenser.
Le revenu universel est la seule solution pour que chaque citoyen sur cette planète est accès à un minimum pour vivre dignement, il recréera l’éducation, la liberté et la santé pour tous.
Chaque être humain pourra se diriger vers ses capacités, ses motivations et cela permettra un élan fantastique pour les créativités qui sommeillent en chacun de nous.
JE RESSENT PUISSAMMENT QUE LE REVENU UNIVERSEL EST…RÉALISÉ POUR TOUS. Notre planète chante la PAIX.
Je trouve que c’est une bonne idée, si on ne peut pas partager le travail, il faut donner de l’argent, un minimum pour vivre, il faut que cela soit bien encadré car attention à la fraude.
C’était dans le programme de Benoit Hamon aux dernières élections présidentielles.
Pour ne laisser personne au bord du chemin quand de gros problèmes se présentent, bonne idée
Il permettrait d’assurer un minimum de revenu lors de crises comme celle que nous traversons en évitant de saucissonner les aides en fonction du statut de l’emploi. Il permettrait aux citoyens de s’impliquer dans des activités réellement utiles et aujourd’hui non rémunérées plutôt que d’accepter des formes d’emploi ou conditions de travail délétaires ; conduisant ainsi certaines entreprises à revaloriser leurs conditions de travail pour contitnuer à être attractives.
Je suis totalement pour un revenu universel qui n’oublierait personne et qui serait équitable. Cela permettrait d’éradiquer la pauvreté et les injustices sociales.
Très réticente au moment des dernières présidentielles, je commence à penser que le revenu universel pourrait être une solution face à la crise du covid-19. Mais ne pourrait-il pas être assorti de quelques heures de travaux d’intérêt général?