Ils sont aujourd’hui encore entre neuf et dix millions (soit environ 15 % de la population globale) à être pauvres en France , c’est-à-dire à vivre sous le seuil de pauvreté. Des salariés, des indépendants, mais aussi des enfants et des retraités. La définition de ce seuil de pauvreté varie. On estime parfois qu’il correspond à 50 % du niveau de vie médian. Le plus souvent, on considère qu’il équivaut à 60 % de ce niveau de vie. Le niveau de vie médian est évalué à 1880 euros par l’Insee (données 2020). Cela signifie que 50 % de la population dispose d’un revenu supérieur et l’autre moitié d’un revenu inférieur. Ce revenu se comprend net d’impôts et inclut les prestations sociales. Le seuil de pauvreté (à 60 %) s’établit ainsi à 1128 euros par mois pour une personne seule. A 2369 euros de revenu disponible pour un couple avec un enfant âgé de moins de 14 ans.
Qui sont les pauvres ?
La pauvreté touche en premier lieu les personnes au chômage. Les familles monoparentales sont également particulièrement concernées. Ainsi que les personnes immigrées, en particulier celles qui sont nées en Afrique. Si l’on considère les personnes en activité, les travailleurs indépendants sont plus vulnérables que les salariés. Quant aux retraités, ils sont proportionnellement moins fréquemment en situation de pauvreté.
A l’échelle de la France, les territoires qui concentrent le taux de pauvreté le plus important sont la Corse, le Languedoc-Roussillon, le Nord-Pas-de-Calais, ainsi que le département de Seine-Saint-Denis. Les centres-villes des grandes aires urbaines concentrent aussi une grande part de la pauvreté. Mais aussi les communes isolées, loin des grandes villes.
La pauvreté ne baisse plus
En France, le nombre de personnes pauvres continue à augmenter au fur et à mesure que la population s’accroît. En proportion, néanmoins, la part de la population pauvre s’est stabilisée depuis le début des années 2000.
On pourrait y voir une bonne nouvelle. Mais lorsque l’on sait qu’entre 1970 et 1984, ce taux était passé de 18,2 % à 14,3 % pour atteindre 12,7% de la population en 2004, on peut également s’interroger sur l’efficacité des politiques actuelle de lutte contre la pauvreté. A noter que dans les années 1970 et 1980, la pauvreté a également fortement reculé parmi les retraités. Mais qu’à l’inverse, depuis vingt ans, elle a fortement augmenté pour les familles monoparentales.
Prix de l’énergie, coût des transports, inflation : trois facteurs de pauvreté
Au début de la crise du Covid, les associations redoutaient fortement une explosion de la pauvreté, qui ne semble pour l’heure pas avoir été confirmée. Toutefois, le contexte actuel, marqué par l’inflation et la hausse de prix de l’énergie, vient fragiliser les personnes déjà précaires. Dans son baromètre annuel sur le vécu et la perception des Français de la pauvreté et de la précarité, le Secours populaire français alerte sur une importante dégradation de la situation. Les Français ont de plus en plus de mal à affronter diverses dépenses, note le rapport. 45 % d’entre eux ont du mal à payer les frais de transports (+15 points par rapport à 2021), et 41 % rencontrent des difficultés pour payer les factures énergétiques (+5 points). Ils sont également 47 % à avoir du mal à partir au moins une fois en vacances par an (+sept points). Et chez les enfants, aussi, la conscience de la pauvreté progresse fortement.
Merci pour cette analyse pertinente et nécessaire.