Date de publication : 12/01/2021
Prix : 15 €
Editeur : Terre vivante
On connaît les méfaits des pesticides sur la santé et l’environnement. Ceux des engrais azotés, beaucoup moins. C’est ce que cherche à montrer Claude Aubert, ingénieur agronome, pionnier de l’agriculture biologique et cofondateur des éditions Terre vivante, dans son ouvrage Les apprentis sorciers de l’azote. Le constat est édifiant et très bien documenté.
Commençons par préciser que les plantes ont besoin d’azote (N). Elles peuvent l’absorber sous forme de nitrates (NO3) ou d’ammoniac (NH4) directement par leurs racines dans le sol. L’azote est présent dans l’humus, mais aussi dans le fumier, le lisier. Et depuis le XXe siècle, dans les engrais azotés chimiques.
L’arrivée de ces engrais azotés a permis d’accroître les rendements agricoles de manière spectaculaire. Le problème est que ces engrais azotés sont aujourd’hui utilisés de manière excessive. Sur les 130 millions de tonnes produites chaque année, seule la moitié est absorbée par les plantes, en raison de la propension des agriculteurs à prendre « une marge de sécurité, en apportant un peu plus d’azote que les besoins réels de la culture ».
Les conséquences des excès de l’azote
Ces excès ont des conséquences délétères sur l’environnement et la santé. Les engrais azotés chimiques et les déjections animales (dont le stockage et l’épandage a fortement augmenté avec le développement de l’élevage intensif) génèrent d’importantes émissions d’ammoniac. Dans l’air, lorsqu’il est combiné à d’autres polluants de l’atmosphère, l’ammoniac donne naissance à des particules fines. Lors des pics de pollution, l’agriculture et l’élevage pourraient « être à l’origine de plus de 50 % des particules les plus fines (et les plus dangereuses), les PM2,5 », écrit Claude Aubert. Une partie de cet ammoniac retombe sur les sols et la végétation et entraîne une acidification voire une eutrophisation (accumulation excessive de nutriments entraînant une prolifération végétale, un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre de l’écosystème) des milieux, en se transformant en nitrates. L’excès de nitrates présents dans le sol est alors emporté par les eaux de pluies dans les nappes phréatiques ou les rivières. Dans l’eau, les nitrates peuvent provoquer une prolifération d’algues qui diminue la biodiversité et émettent un gaz toxique et nauséabond en se décomposant.
L’apport d’engrais azotés génère également des émissions de protoxyde d’azote (N2O), aussi appelé gaz hilarant. Un gaz à effet de serre 265 fois plus puissant que le gaz carbonique.
Comment limiter l’azote ?
L’auteur détaille les solutions permettant de limiter les effets nocifs des excès de l’azote. On peut les résumer ainsi :
- Privilégier une agriculture biologique qui interdit l’usage des engrais azotés.
- Diminuer sa consommation de viande, ce qui permettrait de réduire l’élevage intensif. Et de diminuer les cultures dédiées à la production d’alimentation animale. Permettant ainsi de pouvoir supporter des rendements moindres, sans engrais azotés. Plusieurs kilos d’alimentation végétale sont en effet nécessaire pour produire un kilo de viande. La baisse de l’élevage intensif a également l’avantage de réduire le stockage et l’épandage de fumier, riche en azote.