Avoir froid chez soi. Plus que jamais, en ces temps confinés à l’approche de l’hiver, on le redoute. La précarité énergétique* est beaucoup plus répandue qu’on ne le croit. Elle concerne une personne sur quatre en location et même une personne sur trois en logement social, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). Pas étonnant, quand on sait que 14 % de notre budget annuel en moyenne est consacré à nous chauffer (1.683 euros). Le chauffage, c’est 66 % de la consommation énergétique d’un foyer. Le grand responsable : le radiateur électrique (appelé aussi convecteur électrique).
Le radiateur électrique : moins cher à l’installation, plus cher au quotidien
Et si on a tant de mal à se chauffer correctement, c’est en partie à cause des radiateurs électriques. A partir des années 1970, ils ont été installés en masse, en France. Simples et peu couteux à poser, demandant peu d’entretien et peu volumineux. 9 millions de logements en sont aujourd’hui équipés. C’est plus de 30 %. Paradoxalement, c’est aussi le système le plus cher : 15,90 € par mètre carré chauffé contre 5,80 € pour le chauffage au bois selon une étude réalisée par Effy. Car ces équipements, aujourd’hui vieillissants dans bien des logements, sont alors tout sauf performants sur le plan énergétique, d’autant plus qu’ils sont bien souvent installés dans des logements eux-mêmes mal isolés.
« Le chauffage électrique est facile à installer, pour un faible investissement initial. Mais il est plus cher en coût global, si on intègre les factures d’électricité. Avec un confort qui peut-être moindre », confirme Anne Lefranc, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), dans Bastamag. « Les bailleurs en ont installé partout, simplement parce que ce ne sont pas eux qui paient les factures », complète Jean Gaubert, le médiateur national de l’énergie. Selon lui, « il y a un lien évident entre le chauffage électrique et la précarité énergétique. Comme il coûte cher, en dehors de son installation, les ménages en difficulté se retrouvent avec un poids en plus ».
Les nouveaux modèles de radiateur électrique ont cependant fait des progrès. La fabrication de « grilles-pains » a été abandonnée au profit des radiateurs à inertie, intéressants en termes de performances thermiques, surtout s’ils sont installés dans des logements bien isolés, en complément d’un autre mode de chauffage comme le poêle à granulés par exemple.
Des solutions pour réduire la facture
Alors pour ne plus avoir froid chez soi, quelles solutions ? En réalité, avant de choisir son système de chauffage, c’est à l’isolation de l’habitat qu’il faut s’attaquer. Des travaux qui ont un coût important, mais de nombreuses aides publiques existent. On vous a d’ailleurs préparer un petit tour d’horizon de ces aides. Ensuite, choisir un système de chauffage performant. Aujourd’hui, les recommandations sont les suivantes : poêle (ou chaudière) à bois ou à granulés, pompe à chaleur, chaudière à gaz très haute performance. Et, comme expliqué ci-dessus, les radiateurs électriques dernière génération peuvent venir en chauffage complémentaire.
Il existe aussi un système de chauffage, encore peu développé en France (5%), mais beaucoup plus répandu dans certains pays européens comme au Danemark par exemple (65%), pourtant particulièrement intéressant d’un point de vue écologique : le réseau de chaleur ou chauffage urbain. Un système de chauffage collectif, à l’échelle d’un quartier ou d’une petite ville. La chaleur produite est issue de différentes sources d’énergie, souvent fatales (incinération des ordures ménagères) ou renouvelables. Pourtant ce système peine encore à se développer. Notamment, parce qu’à l’inverse du chauffage électrique, l’investissement initial pour l’installer est très lourd.
Quelques conseils pratiques pour se chauffer
En attendant, voici quelques conseils qui devraient vous permettre de vous chauffer mieux et pour moins cher, quel que soit votre système de chauffage ;
- Réglez les températures entre 19°C et 21°C dans les pièces occupées la journée et 17°C la nuit et en journée dans les pièces peu occupées ;
- Pensez à baisser le chauffage quand vous êtes absent ;
- Faites installer des robinets thermostatiques qui régulent la chaleur ;
- Faites entretenir votre chaudière (obligatoire pour les chaudières fioul, gaz et bois). Votre chauffage sera plus efficace et vous éviterez les pannes.
*La loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement pose une définition de la précarité énergétique : « est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ».