Les industries du tabac, de l’alcool, des combustibles fossiles et des aliments ultra-transformés sont « entièrement ou partiellement responsables » de 2,7 millions de décès en Europe chaque année. C’est ce que pointe un rapport, publié le 12 juin dernier, par la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces chiffres sont basés sur une étude de cas réalisée dans 53 pays de la région, dont la Russie. À l’échelle mondiale, ces secteurs d’activités sont à l’origine de 19 millions de décès par an. Soit 34 % de la mortalité dans son ensemble, toujours d’après l’OMS.
Si l’on va dans le détail, ces chiffres représentent 7 000 morts par jour en Europe. L’industrie la plus meurtrière est celle du tabac, avec plus d’un million de victimes. Ensuite, vient le secteur des combustibles fossiles, avec environ 580 000 décès, principalement liés aux particules fines et à la pollution. Puis l’alcool, qui cause aux alentours de 430 000 morts et enfin les aliments ultra-transformés avec 400 000 victimes.
Des industries ultra puissantes
Outre la dangerosité des produits mis sur le marché, ce sont les stratégies commerciales de ces entreprises qui sont mises en cause.
En effet, le rapport montre que ces grandes industries emploient des tactiques similaires, dans le but de générer un maximum de profits. Afin de poursuivre cet objectif, les entreprises « dépensent des ressources considérables pour s’opposer aux réglementations d’intérêt public, manipuler les preuves scientifiques et le discours public, et à faire supporter aux populations et à l’environnement le coût des dommages qu’elles causent » (toujours d’après l’OMS).
Ces entreprises cherchent, notamment, à retarder certaines politiques relatives aux maladies non-transmissibles. On parle ici des infarctus, des accidents vasculaires cérébraux, des cancers, du diabète et des affections respiratoires chroniques. Les mesures de lutte anti-tabac sont, par exemple, touchées par ces manœuvres. Tout comme l’étiquetage sanitaire et nutritionnel obligatoire des produits alimentaires et des boissons alcoolisées.
« Les tactiques de l’industrie consistent à exploiter les personnes vulnérables par des stratégies de marketing ciblées, développe le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, à tromper les consommateurs et à effectuer de fausses déclarations sur les bénéfices de leurs produits ou sur leur performance écologique. Ces tactiques menacent les progrès réalisés au cours du siècle dernier en matière de santé publique, et empêchent les pays d’atteindre leurs objectifs sanitaires. » La branche européenne de l’OMS appelle les hommes politiques à agir afin de protéger les populations, leur appelant que la priorité doit être la santé publique, et non le profit.