Sur Instagram, ses « followers » l’ont affublée du surnom de « Miss Téton ». Sobriquet qu’elle assume pleinement, assure-t-elle. Car depuis quelques années, la vie professionnelle d’Alexia Cassar tourne presque exclusivement autour des tétons : leur forme, leur taille, leur couleur, leur texture, leur symétrie. Tant de paramètres à prendre en compte pour que le résultat soit au rendez-vous. Et le résultat doit être au rendez-vous. Le sujet est sensible. Les faux pas sont proscrits.
A quarante ans, Alexia a ouvert dans le Val d’Oise un salon entièrement dédié au tatouage 3D de tétons, pour les femmes ayant subi une mastectomie. Lors de cette intervention chirurgicale, l’aréole et le mamelon sont en effet retirés en même temps que le sein présentant une tumeur. Une épreuve souvent tue et pourtant difficile à vivre pour ces femmes qui doivent déjà faire face à la maladie.
« Le cancer les a amputées de bien plus que d’un sein »
Alexia, elle, arrive à la fin du parcours de soin. Après la chirurgie. Après la chimio. Après la radiothérapie. Après la cicatrisation, même. Cicatrisation physique du moins, car sur le plan psychologique, c’est une autre histoire. « Perte des cheveux, des cils et sourcils, modifications corporelles, perte d’un ou des deux seins et donc de leur féminité, conjugalité, sexualité, mais aussi de leur travail et parfois amis, famille… Le cancer les a amputées de bien plus que d’un sein, explique Alexia Cassar. Le tatouage 3D de reconstruction a un pouvoir réparateur sur l’estime de soi et l’image corporelle. »
A l’aide d’une aiguille et d’encre, tel un tatoueur « traditionnel », Alexia recrée, en trompe-l’oeil, des aréoles et des mamelons au plus proche du sein restant. Il ne s’agit pas là d’un tatouage médical, ceux qui sont effectués par des médecins ou des infirmières en utilisant des pigments semi-permanents obligeant à des retouches annuelles et manquant souvent de réalisme. Les tatouages d’Alexia sont définitifs.
Après la recherche, le tatouage
« L’impact immédiat se fait lors de la vision devant le miroir, raconte la tatoueuse. Elles sont instantanément captivées et conquises par leur nouveau téton (ou les deux) et sont très émues de ce retour. Les voir se regarder à nouveau avec bienveillance et se trouver belles est une première victoire. » Elle poursuit : « Ensuite, elles ont un travail à faire sur ce nouveau regard sur soi, mais aussi sur le soin à apporter à ce sein qu’elles doivent réapprivoiser. Et ensuite s’ouvrir à la vie et laisser le reste derrière elles. »
Avant cela, Alexia Cassar a eu une autre vie, loin du tatouage. Cette biologiste de formation a travaillé pendant 15 ans au développement de nouvelles molécules contre le cancer. « Quand ma plus jeune fille âgée de 10 mois a été touchée par une leucémie, le besoin de me sentir plus utile dans la lutte contre les dommages du cancer est né », se souvient-elle. A la même époque, elle découvre le travail de Vinnie Myers, ce tatoueur de Baltimore spécialisé dans le tatouage après mastectomie de tétons réalistes en 3D. « Une révélation », affirme-t-elle.
Son salon, un cocon dans son jardin
Alexia abandonne alors sa carrière scientifique, se lance, durant deux ans, dans un apprentissage « long et patient » du métier de tatoueur. Mais elle ne s’arrête pas là. Elle veut ouvrir son propre salon. « Un lieu adapté à recevoir des personnes en recherche de confort et d’écoute. » Un lieu qui ne ressemble ni à un cabinet médical, ni à un salon de tatouage, ni à un salon d’esthétique. Un lieu proche de chez elle pour rester proche de sa famille. Dans le jardin de sa propre maison, elle a ainsi créé un cocon chaleureux. Un lieu unique, qui lui ressemble et dans lequel les femmes se pressent, depuis son ouverture l’an passé. Alexia est même un peu dépassée par le succès de son projet. « Ce qui au départ devait simplement me permettre de mettre en œuvre une passion dans un environnement familial plus libre est au final à l’origine d’une vraie adhésion communautaire des femmes qui ont vu avec ce lieu naître une réponse à leur souffrance silencieuse de l’après cancer », dit-elle.
Désormais, Alexia travaille à la mise en place de projets de recherche pour prouver l’efficacité, l’innocuité et l’intérêt de cette technique de reconstruction, en espérant aboutir, à terme, à une prise en charge du coût du tatouage : 400 euros pour un sein, 600 euro pour les deux. « A ce jour, une mutuelle est en train de réfléchir à un remboursement partiel », précise-t-elle. Et pourquoi pas à l’avenir former quelques apprentis pour répandre cette technique.
bonjour, je trouve ca superde penser a nous, femmes, apres un cancer du sein et de pouvoir les aider a se sentir encore plus belles. merci beaucoup a vous « alexia cassar » vous etes formidable
cecilia du 06
Merci pour votre commentaire Boselli. L’initiative d’Alexia Cassar est effectivement remarquable.