De l’architecture à la médecine en passant par la mode, quand l’homme va jeter un coup d’oeil du côté de la nature, il n’en ressort que du bon ! Réparer des fibres musculaires en s’inspirant de la moule, améliorer les performances de vol des avions grâce à la chauve-souris ou créer des fils ultra-résistants en faisant comme les coquillages, ce n’est pas de la science-fiction.
Si vous avez déjà vu les esquisses de Léonard de Vinci qui ont inspiré ses ailes de machines volantes, vous avez déjà une petite idée de ce qu’est le biomimétisme. Observer le monde naturel et en tirer le meilleur parti pour l’adapter à des activités humaines, voilà ce à quoi s’attache ce domaine. Autrement dit, c’est un peu l’art d’imiter la nature en transférant le biologique vers le technologique. Et les résultats sont surprenants.
Le costume de Spider-Man, c’est pour demain ?
Connaissez-vous le gecko, ce lézard qui s’amuse à se balader partout, même sur les plafonds, sans effort aucun, un peu à la manière du super héros de Marvel ? Des chercheurs de Berkeley, cette prestigieuse université américaine, s’en sont inspirés pour créer un tissu adhésif qui imite le pouvoir d’adhérence de cet animal. Le secret réside dans les millions de petits poils en kératine (de l’ordre du nanomètre) dont sont « équipées » ses pattes. Grâce à des microfibres en polypropylène, une sorte de plastique, le tissu adhère aux parois (lire à ce sujet l’article de Futura-Sciences).
Quant au fil super-solide pour se balader d’un building à l’autre, curieusement, la solution ne viendra peut-être pas du fil d’araignée pourtant super résistant, mais d’un coquillage, la patelle, plus connu sous le nom de « chapeau chinois ».
Avec ses petites dents, ce mollusque est plus résistant que l’acier ou le kevlar. C’est un peu comme si vous essayiez d’attacher à un cheveu 1500 kilos sans qu’il ne casse. Pas mal ! Vous êtes paré pour aller gambader sur les toits.
Côté santé, on s’accroche comme une moule à son rocher
Pour réparer le corps humain, c’est encore du côté des coquillages que ça se passe. Et pour cause, les moules ont la capacité de sécréter une substance adhésive tellement puissante que deux d’entre elles pourraient soulever le poids d’un homme. Fortiche la moule ! En plus, cette colle est efficace dans l’eau. C’est pourquoi des chercheurs de l’université de Californie se sont penchés sur cette drôle d’aptitude afin de l’adapter au corps humain pour réparer des fibres musculaires, des os ou des dents cassées.
Et pour les hôpitaux, la société Sharklet s’est inspirée du requin des Galapagos. A priori difficile de faire le lien entre les deux. Et bien pas si sûr. Ce n’est pas pour son mordant que ces chercheurs se sont intéressés à l’animal mais pour sa peau qui ne présente aucune bactérie en surface grâce à des denticules qui ressemblent à s’y méprendre à des motifs géométriques. En imitant cette matrice sur un revêtement, on peut réduire le nombre de bactéries dans les hôpitaux ainsi que la probabilité de contracter des maladies nosocomiales.
Et bonne nouvelle pour tous les achmophobes (ceux qui ont peur des piqures et des objets pointus), Terumo Corporation, une société japonaise a copié la trompe du moustique (de forme conique plutôt que cylindrique, comme les aiguilles des seringues que nous connaissons) pour produire des « Nanopass », des seringues dont la piqure est indolore, aujourd’hui commercialisées à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde. Bonne nouvelle, non ?
Les champs des possibles du biomimétisme
Les applications de la biométrie ne s’arrêtent pas à la santé. Le secteur automobile n’est pas en reste avec Light Cocoon, une voiture dont le châssis est imprimé en 3D comme un squelette et recouvert d’une fine membrane semblable à la peau qui économiserait 25% du poids du véhicule. Ou encore, en architecture, la construction d’un centre commercial au Zimbabwe, s’inspirant des termitières pour économiser de l’énergie. Le secteur militaire s’est également inspiré des antennes des papillons pour détecter des explosifs. Et la liste est encore longue : du verre qui s’inspire de la nacre, des yeux de mouches pour aider les aveugles et même des systèmes informatiques qui imite le cerveau… Seule limite ? L’imagination.
Aux frontières de la science-fiction et de la technique, le biomimétisme fait également réfléchir sur l’interdépendance de l’homme et de la nature. Choisir des pistes inspirées d’autres êtres vivants ou de microsystèmes donne lieu à des solutions écologiques souvent réjouissantes, inattendues toujours innovantes et réconcilie l’homme avec la nature.