Lise Saporita, urbaniste et Lucile Chapsal, illustratrice, ont créé, il y a un an, le collectif Cueilleuses de paysages. Le but de ces deux jeunes femmes, toutes deux formées à l’Ecole nationale supérieure du paysage et à l’herboristerie : faire le lien entre conception de paysages et plantes médicinales. Elles organisent notamment des ateliers visant à faire découvrir les plantes, leurs vertus et leurs usages et à mettre en pratique ces connaissances nouvellement acquises, en concoctant soi-même ses remèdes. Parmi ces plantes : le calendula, ou souci, de son nom commun. Lucile Chapsal nous en dit plus sur son collectif et sur cette fleur aux multiples bienfaits.
Pourquoi était-il important de lier paysage et herboristerie ?
Dans les écoles de paysage, on apprend les jardins, leur histoire, mais la connaissance des plantes et de l’écologie n’est pas très poussée. Notre volonté est de montrer qu’il est possible de créer des jardins utiles, fonctionnels, voire thérapeutiques. Il était important pour nous de dépasser l’aspect ornemental du jardin. Nous voulions faire le lien entre les plantes, le soin et le paysage et proposer une approche physique des plantes.
Qu’entendez-vous par « approche physique des plantes » ?
Trop souvent, nous sommes déconnectés de la nature, en raison d’une méconnaissance, avant tout. C’est pourquoi, lorsque nous organisons des ateliers, nous invitons les participants à aller cueillir eux-mêmes la plante dont nous allons leur parler et avec laquelle ils vont travailler. L’idée est de les faire renouer avec le geste de la cueillette. De reconnaître la plante, de la sentir, de la toucher.
Vous organisez notamment des ateliers autour du souci. Pourquoi cette fleur ?
C’est vrai, c’est une fleur dont nous parlons souvent. D’abord parce qu’elle est facile à trouver. Le souci, ou calendula, fleurit abondamment du début du printemps, jusqu’aux premières gelées. On peut le trouver de manière spontanée, dans la nature, même si aujourd’hui, il est surtout cultivé. En pleine nature, il se resseme tout seul. Mais cultivé, il faut chaque année le ressemer au printemps. C’est une plante qui suit la course du soleil, pendant la journée. Et plus on la cueille, plus elle refleurit ! Mais nous en parlons surtout car elle permet de faire des macérations huileuses et des baumes aux multiples vertus.
Quelles sont les vertus du calendula ?
En macération ou en baume, il soigne les irritations cutanées, les crevasses, les plaies, les brûlures. Il a des effets bénéfiques sur l’eczéma, les érythèmes, notamment sur les fesses des bébés. C’est une plante cicatrisante, anti-inflammatoire, anti-prurigineuse, anti-œdémateuse. Le calendula est également légèrement anti-spasmodique. On peut aussi l’utiliser en infusions, seul ou avec d’autres plantes, pour soigner les infection du système digestif.
Ces ateliers ne sont pas les seuls événements qu’organisent les Cueilleuses de paysages. Que proposez-vous également ?
Nous organisons des visites dans l’Ouest parisien, en particulier au potager du Roi à Versailles, et au potager du Dauphin à Meudon. Nous y faisons découvrir les plantes sauvages et médicinales. Nous proposons aussi des initiations à l’illustration botanique. Par le dessin, on apprend ainsi à observer les plantes et le vivant. Le résultat est un outil pédagogique, pas seulement une œuvre d’art. Pour l’instant, ces activités sont proposées en région parisienne, mais nous comptons bientôt les développer en Rhône-Alpes et autour de Nantes.