À l’approche de l’élection présidentielle, plusieurs ONG, dont Générations Futures, ont interpellé les candidats sur la nécessité d’établir une politique plus volontariste en matière de santé environnementale. Un certain nombre de substances chimiques, pourtant reconnues comme dangereuses pour l’environnement et la santé, continuent en effet à être produites et/ou commercialisées. Et « ces derniers temps », les organisations s’inquiètent « du recul sur ces sujets » alors que « beaucoup reste à faire ».
Pourtant, elles-mêmes le reconnaissent : « La France a eu par le passé une position de leader » sur les questions de santé environnementale. Pour preuve, en voici quelques exemples :
L’interdiction du bisphénol A
C’est sans doute l’exemple le plus représentatif. Après avoir interdit le bisphénol A dans les biberons en 2010, la France a décidé par une loi de 2012 de l’interdire, dans un premier temps dans les contenants destinés à des enfants de moins de trois ans, puis de généraliser cette interdiction aux conditionnements entrant en contact avec les denrées alimentaires, à compter de 2015. À l’époque, ni le lobby européen du plastique, PlasticsEurope, ni les autorités européennes ne l’entendent ainsi. Le premier a saisi le tribunal de l’Union européenne pour tenter d’empêcher la reconnaissance du bisphénol A en tant que perturbateur endocrinien. Le second ne reconnaît pas, dans un premier temps, la dangerosité de cette substance chimique de synthèse utilisée couramment pour la fabrication industrielle de plastiques. La France est le premier pays au monde à interdire aussi largement le bisphénol A. Ce n’est qu’en 2016 que la réglementation européenne (Reach), sous l’impulsion de la France notamment, augmente le niveau de toxicité associé au bisphénol A.
Le plan de réduction de 50% de l’utilisation des pesticides
Sur les pesticides, le gouvernement français s’était là aussi fixé un objectif ambitieux. En 2007, au moment du Grenelle de l’environnement, il a décidé de réduire de 50 % l’usage des pesticides de synthèse en 10 ans. Ce qui donne lieu aux plans Ecophyto 1, puis 2. En Europe, ce n’est qu’en 2009 qu’une réglementation introduit l’obligation pour les États d’adopter des plans d’actions visant à réduire l’utilisation des pesticides.
Malheureusement, les objectifs n’ont pas été atteints, malgré la mobilisation d’environ 400 millions d’euros de fonds publics rien qu’en 2018, souligne un rapport de la Cour des comptes.
L’exclusion des néonicotinoïdes (si on ne tient pas compte de l’actuel rétropédalage)
L’exemple est certes ambivalent, car depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, de puissants insecticides, en France en 2018, des dérogations sont accordées chaque année, notamment aux cultivateurs de betteraves. Toujours est-il que la France s’était positionnée publiquement contre les néonicotinoïdes, au moment du débat (houleux) sur la restriction de leur usage au niveau européen.