Le mot nappy vient de la contraction des mots anglais « Natural » et « Happy ». Il désigne les jeunes femmes et hommes noirs qui non seulement arborent leurs cheveux au naturel, c’est-à-dire crépus, mais en prennent aussi un soin particulier lors de leur routine capillaire (refus des produits cosmétiques contenant du paraben et autres composants chimiques, utilisation de produits bios et huiles naturelles).
Fini le défrisage, bienvenue aux cheveux naturels
Retrouver et connaître la vraie nature de ses cheveux pour être soi-même, savoir en prendre soin et apprendre aux enfants à l’aimer également, c’est ainsi que l’on pourrait résumer la profession de foi d’un nappy. La population noire a longtemps renié, sous l’influence de l’héritage de l’esclavage, la nature propre de ses cheveux, objet de mépris du colon, en ayant recours au défrisage. A des générations de femmes noires, on a fait croire qu’elles n’étaient pas belles avec leurs cheveux crépus, dont la nature difficile et complexe ne connaissait d’autres remèdes que le défrisage. Avec la révolution nappy, tous ces clichés ont volé en éclats. Le mouvement nappy est né d’un besoin de retour aux sources, d’une envie d’être soi. Internet a été l’outil indispensable pour fédérer des communautés de nappys. Forums et blogs ont été de vrais manuels de beauté, dispensant des conseils aux jeunes femmes pour apprendre à connaître leur nature de cheveux et surtout savoir comment en prendre soin. Etre nappy, c’est privilégier des produits naturels, bannir toutes formes de défrisage chimique et prôner une beauté naturelle et diverse. Le mouvement nappy est aussi reconnu comme une forme d’émancipation de la femme noire.
Mouvement militant
Dans une société où porter ses cheveux naturels peut être perçu comme négatif, être nappy revient pratiquement à être un militant et à revendiquer le droit d’exister tel que la nature les a créés. Au delà du simple diktat du cheveu lisse se pose un diktat culturel, qui veut que le cheveu crépu soit synonyme d’absence de coiffure, de période disco, d’état de « sauvageon », ou encore lié au mouvement Black Panthers. Autant d’associations d’idées qui compliquent le quotidien des nappys, pour le faire accepter dans un milieu professionnel, familial et même amical. Certaines nappys reconnaissent subir des réflexions récurrentes sur leurs cheveux dans leur cadre professionnel. D’autres estiment même que leur crinière crépue leur a porté préjudice dans l’obtention ou la poursuite d’un emploi.
Secteur en plein boom
Longtemps, il a été difficile pour les femmes noires de trouver des produits adaptés à leur cheveux en France, aujourd’hui force est de constater que les choses ont bien changé. Au fil des années, un vrai business s’est créé pour répondre aux attentes des nappys, qu’il s’agisse de salons dédiés à la beauté noire (La Natural Hair Academy, Boucles d’ébène) ou tout simplement des entreprises cosmétiques (Les secrets de Loly, Diouda). Cette tendance nappy n’a pas échappé non plus aux grands acteurs du secteur des cosmétiques. Pour preuve, le groupe L’Oréal n’a pas hésité à racheter l’entreprise américaine Carol’s Daughter, l’une des marques plébiscitées par les nappys. Le grand industriel collabore avec Fatou N’diaye, la bloggeuse star dans l’univers des nappys.
Signe que le secteur du cheveu naturel a de beaux jours devant lui.
Cet article et cette vidéo ont été réalisés pour Mon quotidien autrement par Chayet Chienin, dans le cadre de sa formation à la Street School.