C’est une victoire pour l’environnement et ses défenseurs. Et comme elles sont assez rares ces derniers temps, nous voilà réjouis. Fin février, le tribunal administratif de Toulouse a pris la décision d’annuler l’autorisation environnementale de l’A69, l‘autoroute qui devait relier Toulouse à Castres. Plus d’autorisation environnementale, concrètement, cela signifie que ce projet d’A69 est tout bonnement annulé. Ce pour quoi se battent les militants depuis des années.
Arrêter un projet, 31 ans après son approbation par le gouvernement, sept ans après la publication du décret de déclaration d’utilité publique, et deux ans après le début du chantier, c’est rare. Stopper un projet d’autoroute, déjà engagé, pour des raisons environnementales, c’est une première.
L’A69 : un projet aux bénéfices « très limités »
Mais pourquoi la justice a-t-elle décidé d’annuler ce projet ? Et pourquoi aujourd’hui ? Un collectif de structures a saisi le tribunal administratif l’été dernier pour demander l’annulation du projet. C’est la 7ème fois que le tribunal était saisi pour cette raison. Et la 7ème aura été la bonne. « Au vu des bénéfices très limités qu’auront ces projets pour le territoire et ses habitants, il n’est pas possible de déroger aux règles de protection de l’environnement et des espèces protégées ». C’est ce que le tribunal a estimé.
Il explique aussi : « si les projets pourraient faire gagner une vingtaine de minutes aux usagers par rapport au trajet actuel, le tribunal, après avoir examiné les arguments avancés par les préfets de la Haute-Garonne et du Tarn, estime qu’ils sont insuffisants ».
Le tribunal remet ainsi en cause la nécessité de désenclaver, d’un point de vue démographique ou économique le bassin Castres-Mazamet. Il explique que la nationale existante n’est pas particulièrement accidentogène. Et ce contrairement aux arguments avancés jusqu’alors. Et que le coût élevé du péage diminue « significativement l’intérêt du projet pour les usagers et les entreprises ». En d’autres termes, les bénéfices économiques, sociaux et de sécurité publique « sont trop limités » selon le tribunal pour justifier les dérogations à l’interdiction de porter atteinte aux espèces protégées et à leurs habitats.
Le gouvernement veut faire appel de l’annulation de l’A69
Depuis l’annonce de cette décision, de nombreuses voix se sont fait entendre pour défendre le projet d’autoroute. Les détracteurs ont lancé une pétition, rassemblant plus de 20 000 signatures. Ils ont également organisé un « grand rassemblement » le samedi 8 mars. Des élus sont montés au créneau, le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a qualifié cette décision d’ « ubuesque »…
Et le gouvernement a annoncé qu’il allait faire appel de cette annulation. Cette décision serait une « catastrophe concrète et immédiate sur un plan économique » a affirmé le ministre de Transports interrogé par Sud Radio. Au point que le gouvernement a demandé un « un sursis à exécution », c’est-à-dire la reprise immédiate des travaux en attendant la décision en appel.
Et le ministre de souligner également : « Il y a 3 000 à 4 000 personnes qui sont indirectement concernées, qui sont des sous-traitants, qui avaient commandé du matériel, qui sont en cessation de paiements ». « C’est aussi la crédibilité de l’État et de toutes les collectivités territoriales qui se joue si demain ce chantier est arrêté », a-t-il insisté.