Vous aimez dormir bercés par le roulis d’une locomotive sur les rails ? Vous n’êtes pas les seuls. Les trains de nuit ont connu leur moment de gloire des années 1930 aux années 1970 avant de disparaitre et de se développer à nouveau en France, ces dernières années, crise énergétique et climatique oblige. Il y a quatre lignes de trains de nuit Intercités en service. Voilà où vous pouvez aller, en partant de Paris par exemple : Toulouse, Nice, Briançon, Albi, Argelès-sur-Mer, Ax-les-Thermes, Cannes et Lourdes. (Le Paris-Nice et le Paris-Tarbes-Lourdes ont été rouverts récemment.) Il est aussi possible d’aller à Berlin et à Vienne. Rappelons que selon Greenpeace, « pour un trajet similaire, un avion consomme six fois plus d’énergie que le train ».
Une dizaine de ligne d’ici à 2030
Mais le ministère des Transports souhaite en ouvrir une dizaine d’ici à 2030. Exemples : on pourra aller de Paris à Bayonne ou Perpignan. Mais aussi de Metz à Nice, Barcelone et Bordeaux, ou encore de Bordeaux à Nice. Un train de nuit doit d’ailleurs relier à nouveau Paris à Aurillac fin 2023.
L’investissement serait de 1,5 milliard d’euros selon un rapport sur le développement de nouvelles lignes réalisé par le ministère des Transports. Cela vous semble beaucoup d’argent ? Pas tant : l’État a donné 7 milliards à Air France en 2020 en réaction au Covid, et 5 milliards en 2021… Quant au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) (soit la construction de deux lignes à grande vitesse Bordeaux – Toulouse et Bordeaux – Espagne qui va détruire plus de 6 000 hectares de terres) son coût est estimé à 14 milliards d’euros.
Et à l’étranger ?
À la différence de la France, les Autrichiens investissent depuis 2016 pour la relance du rail de nuit, explique Challenges. C’est cette année là que, pour 40 millions d’euros, la compagnie nationale Österreichische Bundesbahnen (ÖBB) a racheté une partie de l’activité abandonnée par son homologue allemande Deutsche Bahn. Résultat : « La vingtaine de lignes exploitées sous la marque Nightjet se révèle être un véritable succès avec ses 1,8 million de voyageurs par an ».
Pénurie de couchettes
En France, comme ailleurs, la difficulté, c’est le matériel. « Toutes les compagnies se heurtent au même problème : la pénurie de trains couchettes neufs ou rénovés disponibles. Concevoir et construire un nouveau matériel prend entre quatre et six ans et personne n’avait anticipé un tel retournement de situation et d’ambitions », explique le magazine Kaizen. Car l’enjeu est aussi de proposer des trains confortables et accessibles. Le collectif Oui au train de nuit ! attend donc des investissements adéquats. « Pour l’instant, l’État avait uniquement financé la rénovation des 122 voitures couchettes Corail qui ne disposaient pas d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, de voitures-lits « classe affaire », ni de sièges inclinables pour les « petits prix » », expliquait-il dans un communiqué il y a un an.
Quid du prix ? Le rapport réalisé par le ministère des Transports table sur une offre allant de 25 euros pour les prix réduits en place assise à 200-250 euros pour les prestations wagon-lit premium.
En parlant de trains, Emmanuel Macron a annoncé le 27 novembre qu’il souhaitait développer des RER dans dix métropoles françaises. Bruno Gazeau, président de la Fnaut (Fédération nationale des associations d’usagers des transports), s’est dit dans Le Monde « très favorable » au projet, qu’il « découvre ». Mais « attend des précisions », notamment sur le budget alloué.
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Pour suivre la lutte pour le retour de trains de nuit, suivez le collectif Oui au train de nuit ! et signez leur pétition.