Utiliser « des arguments écologiques à des fins trompeuses ou abusives », voici la pratique de greenwashing (ou écoblanchiment) que reproche Zero Waste France aux marques Adidas et New Balance. Cette association qui lutte contre la réduction des déchets et une meilleure gestion des ressources a déposé plainte contre elles en juin 2022.
Acheter un produit ne permet pas de réduire son empreinte carbone
Avec ses slogans « Made to be remade » (« Fait pour être réutilisé ») et « End plastic waste » (« Mettons fin aux déchets plastiques »), « Adidas utilise à tort et à travers l’argument du recyclage pour affirmer que certains de ses produits permettent de réduire l’empreinte carbone de celles et ceux qui les achètent », dénonce l’association.
Si la marque utilise du polyester recyclé, elle omet par ailleurs d’en mentionner l’impact environnemental – le processus de recyclage n’étant lui-même pas neutre sur l’environnement – et l’impossibilité technique de son recyclage à l’infini.
Quantité infime de matériaux recyclés
Zero Waste France reproche aussi à New Balance d’avoir créé sa propre « norme » Green Leaf (« feuille verte »), censée distinguer les produits fabriqués à partir d’au moins 50 % de matériaux provenant de « sources privilégiant l’environnement ». La marque s’autoévalue et un grand flou entourerait l’attribution de cette norme à ses produits.
Sur l’utilisation des matériaux recyclés, l’association estime que les deux marques ne sont pas assez claires sur la quantité qu’ils représentent par rapport au produit final. « Par exemple, quand Adidas annonce « 50% de matériaux recyclés » au sujet de ses baskets « FutureCraft Footprint », les petites lignes indiquent que seule la tige de la chaussure (dont on ne sait pas quelle proportion du produit elle représente) est en réalité composée pour moitié de matière recyclée. Idem pour les chaussures « 574 Core unisexe » de New Balance, dont seules les mailles de l’empeigne (partie supérieure de la chaussure), du col et de la languette sont composées de polyester recyclé », décrit Zero Waste France.
Délit punit par la loi
La pratique du greenwashing ou de l’écoblanchiment fait partie des pratiques commerciales trompeuses interdites par la loi en France, parce qu’elles visent à induire en erreur les consommateurs. C’est un délit passible d’une peine de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 300 000 euros.
« Les marques de fast-fashion ne changent presque rien à leur modèle de production et communiquent pourtant éhontément et démesurément sur des engagements de façade », poursuit Zero Waste France. Pour l’instant, l’association n’a pas eu de retour suite à ses dépôts de plainte, « ce qui n’a rien d’anormal au vu des délais de la justice pénale », justifie auprès de Mon Quotidien Autrement Alice Elfassi, responsable des affaires juridiques de Zero Waste France. Celle-ci prévoit par contre de se « constituer partie civile ce mois-ci pour faire avancer les choses ».