Qu’est-ce qu’une manifestation réussie ? Comment compter nos victoires ? Au nombre d’articles de presse ? Quand la loi change ? Difficile, lorsqu’on est écolo, de savoir exactement quand se réjouir. Difficile, aussi, de se dire que l’on est d’éternels minoritaires, même si de plus en plus de jeunes et moins jeunes se mobilisent pour le climat.
Le point de bascule
Pour cela, il faut s’intéresser au «point de bascule », soit quand le nombre de personnes mobilisées sera suffisant pour faire basculer la société. Les chiffres diffèrent. Selon la chercheuse en politiques publiques Erica Chenoweth, c’est 3,5 % de la population. Mais alors, prenons Notre Affaire à Tous, cette association citoyenne qui utilise le droit comme outil de lutte face au changement climatique. La pétition l’Affaire du siècle avait réuni plus de 2 millions de signatures, soit 4,4 % de la population française. Et avait conduit à une énième condamnation de l’État français pour inaction climatique. Utile certes, mais pas bouleversant.
«Par la nature même de son action, Notre Affaire à Tous réunit des citoyens concernés par l’urgence environnementale mais en partie attentistes, et considérant que l’impulsion du changement doit prendre sa source au niveau de l’État une fois sa responsabilité légalement reconnue», explique l’ingénieure en transition Anne-Cécile Brocq. Or pour que bascule il y ait, il faut que la mobilisation soit « active et soutenue ».
« La transition écologique est une transition culturelle qui se joue collectivement »
Un autre chiffre souvent évoqué est celui de 10%, avancé par le journaliste et écrivain Malcolm Gladwell. Il est l’auteur de Le point de bascule : Comment faire une grande différence avec de très petites choses. Si une minorité agit ensemble, en répétant son message, alors peut se créer une épidémie qui emporterait l’ensemble de la société.
Le mérite de cette théorie ? Montrer que la transition vers un monde écologiquement soutenable est une histoire d’effort collectif.
Cette idée de « bascule» est fort présente dans le monde écolo. Tenez, l’« éco-entrepreneur » Maxime de Rostolan, à l’origine de Fermes d’Avenir, avait lancé en 2019 un « lobby citoyen » du même nom : la Bascule. Il souhaitait « accélérer la transition démocratique, écologique et sociale ».
Avant de nous laisser impacter émotionnellement par le résultat d’une étude sur le climat, nous devrions toujours nous demander QUI finance cette étude. Il se pourrait que le résultat de l’étude soit exactement ce qu’il a été demandé de prouver!!!