« Être écolo, ça ne veut pas forcément dire faire un chemin d’ascète, la frugalité peut avoir du goût », titre Le Monde qui l’a interviewée à l’été 2020. Une vie riche, pleine, et sobre, c’est sans aucun doute possible nous montre Claire Desmares-Poirrier. Son parcours est de ceux qui donnent envie d’essayer, à son tour, de vivre plus aligné avec ses valeurs. Pas qu’il faille absolument quitter la ville pour cela, mais c’est la voie qu’elle a choisie. Après des études à Sciences Po Lille, après un an dans la jungle de Calais, après avoir géré un centre d’hébergement d’urgence et après avoir travaillé dans la communication politique (chez les Verts), elle a quitté Paris il y a dix ans pour le sud de la Bretagne. A Sixt-sur-Aff plus précisément, village de 2.000 âmes. Elle en a même fait un livre : l’Exode urbain — Manifeste pour une ruralité positive publié aux éditions Terre Vivante.
“Le stéréotype de la société rurale, fermée et conservatrice, est dépassé »
Aujourd’hui, Claire Desmares-Poirrier, trentenaire, tient l’Amante verte, un café-librairie, avec son conjoint Adrien non loin de la forêt de Brocéliande. Mais pas que : le couple s’est lancé dans une vraie aventure “agriculturelle”. En plus du café, ils ont une ferme dans laquelle ils cultivent (en bio) sur leurs terres une ribambelle de plantes aromatiques et médicinales. 200 variétés : thym, marjolaine, verveine, camomille… destinées aux restaurateurs et aux épiceries fines.
Que tire-t-elle de son exode urbain ? Comme elle le dit dans une interview à Oui!, le magazine de la Ruche qui dit oui :
À la campagne, le supermarché est loin, tu demandes d’abord à ton voisin, puis au hameau d’en face, à la commune, puis tu cherches chez Emmaüs, tu vas regarder sur un site d’occasions, et si vraiment tu ne trouves pas, tu vas te taper 20 bornes pour aller au grand magasin. Ce n’est même pas un processus intellectuel ou un acte militant, c’est un état de fait. Avant d’appeler un prestataire pour quoi que ce soit, tu vas faire le tour des copains. Avant le recours à l’argent, tu vas avoir recours à l’entraide. Il est là, le potentiel révolutionnaire : peu importe le processus qui t’amène à la vie rurale, le résultat est que cela change ton rapport à la consommation, à la société, à l’entraide…
“Le stéréotype de la société rurale, fermée et conservatrice, est dépassé. La campagne est un espace où règne avant tout la solidarité”, assurait-elle, en mai 2020, dans une tribune à Libération. “Faites vos cartons, il est temps, on vous attend !”
Un couple engagé, une vie engagée
Ses cartons, elle ne les a pas faits seule : “Tout a commencé par une rencontre” en 2010, lit-on sur le blog de l’Amante Verte. La rencontre d’Adrien et Claire, « le « camp climat », l’envie de faire bouger le monde, de vivre en cohérence avec des convictions et au plus près de la nature. Les camp climats, ce sont des temps de formation pour accélérer les mobilisations face à l’urgence climatique et sociale, organisés par des associations écologistes. Les premiers moments de l’histoire du couple ont donc pris naissance au cœur d’une lutte, et cela résume bien leur choix d’une vie engagée.
Quitte à ce que Claire renoue avec ses premières amours, la politique ? La paysanne est effectivement tête de liste Europe Écologie Les Verts pour les prochaines régionales.