A Métabief, dans le Jura, le ski alpin vit ses dernières heures. Ou presque. Dans cette station du Haut-Doubs, culminant à 1430 mètres d’altitude (40 pistes et une vingtaine de remontées), le Syndicat Mixte du Mont-d’Or a pris une décision peu commune. Faire une croix sur le ski alpin à l’horizon 2030-2035.
« Si on utilisait la stratégie habituelle des domaines skiables, il fallait investir 15 millions d’euros pour renouveler les remontées », détaille Olivier Erard, le directeur du Syndicat, sur Radio France. On s’est donc posé la question de savoir si nous avions au moins 20 ans pour amortir. Et très vite on s’est rendu compte qu’à l’horizon 2023-2024 la viabilité du ski était incertaine ». Une étude Climsnow (outil scientifique permettant d’évaluer les effets du changement climatique dans les stations de ski) a mis en lumière que dans cette station, pourtant l’une des plus importantes du massif du Jura, la viabilité du domaine skiable était remise en cause à partir de 2040 faute de fiabilité de l’enneigement.
186 domaines fermés
Pour anticiper cet avenir sans « or blanc », la station met en œuvre un plan de transition. Plutôt que de renouveler ses remontées, elle se contente de les entretenir. Beaucoup moins coûteux. Et développe par ailleurs d’autres activités, comme la luge sur rails ou les pistes de VTT.
D’ici à une dizaine d’années, le domaine de ski alpin de Métabief aura donc disparu. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le phénomène n’est pas si isolé. Les montagnes françaises comptent 186 domaines skiables qui ont définitivement cessé d’être exploités (sur 414 sites en fonctionnement). La première fermeture remonte aux années 1950. Et à partir des années 1970, on compte au moins une fermeture chaque année et tous les massifs montagneux sont concernés. Si seuls les petits centres de ski étaient initialement visés, à partir du milieu des années 1980, des domaines plus importants ferment aussi boutique, comme Valpouse en Savoie ou Drouzin-le-Mont, en Haute-Savoie.
Une fermeture, et après ?
Mais que deviennent ces stations une fois qu’elles n’accueillent plus les skieurs ? Qu’advient-il des routes d’accès, des bâtiments d’accueil, des remontées, des logements ? Car la transition planifiée de Métabief reste l’exception.
Le chercheur Pierre-Alexandre Métral, du laboratoire Pacte, à Grenoble, étudie justement la fermeture définitive des domaines skiables alpins des montagnes françaises. Il a identifié diverses stratégies de « transition ». Dans certains cas, comme à La Bouloie, dans les Vosges, le démontage a été privilégié. « Le site a retrouvé une certaine élégance après le démontage », cite-t-il. Dans d’autres cas, de nouvelles pratiques de loisirs prennent le pas. Marche nordique, VTT, luge d’été, dévalkart, géocaching… Les alternatives sont nombreuses. Certains sites se sont même spécialisés. Comme l’ancienne station du Mas de la Barque, en Lozère, dans l’écotourisme, ou celle de Valdrôme, dans la Drôme dans l’astrotourisme. D’autres, enfin, une trentaine, les plus petites et plus anciennes, sont restées à l’abandon. Les vieilles remontées tiennent lieu de friche. Progressivement, l’avenir de la montagne se dessine au regard du réchauffement climatique. Et plus que des dizaines de millions d’euros d’investissement, peut-être nécessite-t-il une bonne dose d’anticipation et de lucidité.