Duralex, le géant français du verre trempé, a récemment échappé à la fermeture. Après une période de turbulences financières marquées par un redressement judiciaire en avril 2024, l’entreprise emblématique a été reprise par ses propres salariés.
Fondée en 1945 à La Chapelle-Saint-Mesmin, une commune du Loiret proche d’Orléans, Duralex est un acteur majeur de l’industrie verrière française. Ses verres à boire et ses assiettes en verre trempé ont fait son succès. Si vous les connaissez, c’est très certainement grâce au gobelet, principalement le modèle « Gigogne », la star des cantines de votre enfance. Les enfants les retournaient pour voir le chiffre inscrit en-dessous et celui-ci devenait alors leur âge. En réalité, ces chiffres permettent la traçabilité et le contrôle qualité des verres : ils servent à identifier le moule utilisé lors de la fabrication, chacun ayant un numéro unique.
Les produits de Duralex sont robustes et durables. En effet, l’utilisation du verre trempé permet une grande résistance aux chocs. Pour obtenir cette matière, le verre ordinaire est chauffé à très haute température avant de subir un refroidissement rapide. Tout le processus de fabrication est réalisé en France, et le sable utilisé pour obtenir du verre provient de Fontainebleau.
Scop, une solution de reprise
La crise énergétique, notamment la forte hausse des prix du gaz, a mis à mal les finances de l’entreprise. Duralex est ensuite passée dans les mains de différents repreneurs, mais les difficultés financières ont demeuré. 60 % des salariés ont décidé de s’associer pour présenter une offre de reprise, prenant la forme de Scop. Une proposition validée par le tribunal de commerce d’Orléans le 26 juillet 2024.
Depuis le 1er août, 150 des 240 employés actuels sont donc devenus actionnaires. L’avantage, c’est que ces derniers connaissent parfaitement l’entreprise. Leur objectif : non seulement préserver les emplois et perpétuer le savoir-faire Duralex, mais aussi relancer et élargir leur production.
La reprise de l’entreprise en Scop a été largement soutenue financièrement. Les terrains de l’usine vont être rachetés par la métropole d’Orléans, à hauteur de 6 millions d’euros, soutenue par le conseil régional Centre-Val de Loire, qui participe en investissant 1 million d’euros. L’entreprise bénéficie également de prêts bancaires. 1 million d’euros avec le Crédit agricole, 500 000 euros de la part de la Caisse d’épargne. Mais aussi un prêt de l’État, par l’intermédiaire de la Bpifrance, de 750 000 euros. Enfin, les salariés ont investi chacun de 50 à 500 euros, afin d’acquérir leurs parts sociales.En tout, ce sont 10 millions d’euros qui ont été reçus, d’après l’Humanité.
Des ambitions nouvelles
Afin de faire prospérer l’entreprise, et d’atteindre un point d’équilibre financier d’ici à trois ans, Duralex poursuit un objectif de 35 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce qui représente un défi de taille. En effet, les ventes sont tombées à 24,6 millions d’euros en 2023, alors qu’elles étaient de l’ordre de 31 millions en 2022.
Pour remplir leurs objectifs, les salariés redoublent d’efforts et de communication. Ils espèrent pouvoir moderniser et élargir les gammes de production de l’entreprise.
Comme le raconte France Inter, Duralex a engagé 9 commerciaux, dont 5 dédiés exclusivement à l’international, ainsi que 4 responsables marketing. Aujourd’hui, l’export à l’international représente 65 % des ventes de l’entreprise, mais certains marchés sont en baisse ces dernières années. C’est le cas par exemple pour le secteur nord-américain et asiatique, qui a souffert d’une perte de 2,6 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Depuis leur reprise, les ventes en ligne ont triplé. Mais ce n’est pas suffisant, car elles représentent seulement 2 % du chiffre d’affaires. Une boutique éphémère a également vu le jour dans le centre-ville d’Orléans. Ouverte mi-décembre, elle a pris place aux halles d’Orléans, dans un local mis à disposition par la métropole pour un loyer modéré pendant deux ans. La boutique a très bien démarré : 400 000 euros de chiffres d’affaires en seulement trois semaines en décembre. Le succès a été au rendez-vous pendant toute la période des fêtes de fin d’année. L’idée finale : ouvrir une boutique permanente à La Chapelle-Saint-Mesmin, proche de l’usine où sont fabriqués les verres emblématiques, et pourquoi pas, une boutique à Paris.
Bravo ! Continuez et vivement une boutique à Paris, sinon achat en ligne de bols à couvercle pour remplacer les tuperweare, et les verres de notre enfance