Et si la part des émissions de gaz à effet de serre (GES) liée au secteur alimentaire en France était largement sous-estimée ? Habituellement, on considère que le secteur le plus émetteur est celui du transport, qui concentre environ 30 % des rejets de GES. Viennent ensuite, le secteur du logement (20 %) puis l’agriculture, responsable de 19 % des émissions françaises.
Une étude de Carbone 4, publiée en mai 2021, affirme cependant que le secteur alimentaire émet à lui seul 170 MtCO2e par an. Sachant qu’en 2019, la France a émis 437 MtCO2e, cela signifie que la production alimentaire contribue à 38,9 % des émissions françaises.
Secteur alimentaire : réintégrer la transformation et la distribution
Pour arriver à ce chiffre, le cabinet de conseil en stratégie climatique prend tout en compte. L’exploitation agricole d’abord : la majeure partie de ses émissions est liée aux rejets de méthane (déjections des animaux) et de protoxyde d’azote (fertilisation des cultures). Mais il considère que « notre système alimentaire actuel, et en sous-jacent son empreinte carbone, ne se résument pas seulement aux processus prenant place dans l’exploitation agricole ».
L’amont de la filière doit également être inclus. C’est-à-dire, les semences, les fertilisants et les produits phytosanitaires, qui sont produits puis acheminés jusqu’aux cultures.
Et l’aval aussi doit être pris en compte. Les récoltes sont ensuite distribuées, soit directement aux consommateurs, soit à des industries qui les transforment, puis les emballent, avant de les distribuer. Les consommateurs se déplacent ensuite pour acheter ces produits. Ils les conservent, souvent au frais, les font cuire. Avant de jeter les déchets et les emballages. C’est toute cette chaîne alimentaire qu’il faut prendre en compte, selon Carbone 4, pour bien comprendre l’impact de notre alimentation sur le climat.
On peut agir à l’échelle individuelle :
- Faire la part belle au végétal en accordant une place importante aux légumineuses et céréales. 8 produits végétaux par jour nous conseille Christian Rémézy, ancien directeur de recherche en nutrition humaine à l’Inrae et auteur de La nutriécologie.
- Devenir végétarien ou fortement diminuer sa consommation de produits d’origine animale qui devrait se limiter à un grand maximum de 2 par jour en additionnant tout (viande, œufs, laitages). La viande rouge et la charcuterie doivent rester exceptionnelles.
- Privilégier le vrac et les produits locaux, la cuisine maison et de saison, le bio (pas de pesticide, pas d’engrais azoté).