Marseille est plus connue pour son Vieux-Port que pour l’agriculture. Avec ses 820 000 habitants, la deuxième ville la plus peuplée de France héberge pourtant les activités de la Cité de l’agriculture, une association pionnière dans le domaine de la promotion de l’agriculture urbaine.
Promouvoir l’agriculture urbaine et la justice sociale
L’idée de cette structure a germé dans la tête de Marion Schnorf, sa directrice. Urbaniste de formation, elle a côtoyé l’agriculture grâce à ses grands-parents et par sa mère qui travaillait dans une oliveraie. Ses origines et sa formation se sont connectés en 2015. Puisqu’il existe bien des cités de l’architecture, de la musique, des sciences et de l’industrie, elle a voulu pallier au manque de présence de l’agriculture en milieu urbain en créant une Cité de l’agriculture. Parce que l’agriculture peut aussi se penser depuis la ville, où vit – et mange ! – plus de la moitié des habitants dans le monde.
Mais l’envie n’était pas de faire un projet qui ne parle et ne remplisse les paniers que des personnes déjà initiées aux enjeux alimentaires et agricoles. Le souhait était à la fois de promouvoir l’agriculture pour accélérer la transition écologique des villes et répondre à des enjeux de justice sociale.
Une ville autosuffisante jusque dans les années 1950
À Marseille, la situation est en effet préoccupante. Le taux de pauvreté y atteint 26 % de la population selon l’Insee ; jusqu’à 39 % dans les quartiers nord de la ville. Marseille est aussi, derrière Paris, la deuxième ville qui compte le plus de personnes pauvres en France. Et la pauvreté crée souvent un terrain propice à des problèmes de santé, dont certains sont liés à l’alimentation. À Marseille, 28% des personnes en état de précarité sont obèses et l’obésité sévère a augmenté de 200 % entre le milieu des années 2000 et le milieu des années 2010, selon le Centre spécialisé de l’obésité Paca Ouest.
Jusque dans les années 1950 pourtant, la métropole de Marseille était autosuffisante en fruits et en légumes. Mais aujourd’hui, cette aire urbaine n’assure plus que 2,2 % de son autonomie alimentaire, selon une étude de 2017 du think tank Utopies. Les enjeux sont donc énormes pour repenser l’agriculture depuis la cité phocéenne.
De la résonance auprès des pouvoirs publics
Marion Schnorf a donc peaufiné son projet pendant trois ans, allant frapper aux portes des collectivités publiques et territoriales pour mettre la problématique sur la table. Au même moment, elle a trouvé un peu de résonance : la métropole Aix-Marseille était en train de mettre sur pied un « plan d’action en faveur de l’agriculture urbaine », visant notamment à sanctuariser 40 hectares de friches en terres agricoles et à aider le développement des circuits courts.
Dès 2018 au moment de son ouverture, la Cité de l’agriculture est donc devenue la pierre angulaire du développement de l’agriculture urbaine à Marseille. Aujourd’hui, l’association compte une vingtaine de salariés et plusieurs missions différentes. Qui seront détaillées dans le deuxième et le troisième épisode de ce reportage, à venir.