C’est dans le 15e arrondissement de Marseille que se cache la Ferme Capri, pépite de la Cité de l’agriculture (dont nous avons parlé de la genèse dans un premier épisode) et de l’agriculture urbaine marseillaise. 8 500 mètres carrés de terrain logés le long de l’autoroute du Soleil, entre le lotissement ouvrier des Castors de Servières et la cité Maurelette de l’autre côté de ce tronçon bitumé. Un terrain des quartiers nord, loué par la ville symboliquement, dont la Cité de l’agriculture a bichonné le sol avec du compost, du fumier et du broyat de bois.
La Ferme Capri a ouvert ses portes et fait pousser ses premiers légumes en 2021. Deux maraîchers y veillent au grain, Ozan et Isaac. C’est eux qui transforment le terrain pour en extraire de la nourriture prête à être distribuée tous les mercredis, jour de récolte et de vente à la ferme. Le maraîchage se fait sur sol vivant. Des buttes permettent de réaliser des cultures en lasagne, suivant l’un des préceptes de la permaculture.
Lieu de pédagogie et de convivialité
Les deux maraîchers orientent également les bénévoles prêts à donner un coup de main le mercredi, jour d’ouverture au grand public. Selon les saisons et la météo, la participation est aléatoire. Jesus, lui, fait partie des fidèles. « Minot de Castor de Servières », comme il se décrit, il est présent depuis l’ouverture. « Je connaissais ce terrain depuis petit et en 50 ans, je ne l’avais pas vu bouger, il était juste abandonné », se souvient-il. Il se sent bien dans la nature et aime venir se balader entre les rangs des différents légumes et aromatiques. Ou bien tout simplement trouver de la compagnie pour boire un café. La Ferme de Capri se révèle aussi être un lieu de convivialité pour les personnes du quartier qui se sentent isolées.
Sur place, il y a également Camille, en service civique depuis plusieurs mois. Elle donne un coup de mains aux maraîchers ou bien assiste Élise Chaintrier, responsable de médiation et de la coordination des publics. L’autre volet de la Ferme Capri, c’est d’être un lieu de pédagogie. « Mon but, c’est vraiment de faire de la sensibilisation sur l’alimentation en ville, décrit Élise, avec ses boucles d’oreilles et son pantalon velours violet qui scintillent sous une lumière drue. D’expliquer qu’en tant qu’êtres humains, nous formons une équipe complémentaire avec la nature. » À l’exception du mercredi donc, l’endroit accueille tout le reste de la semaine différents publics : bénéficiaires de centres sociaux, écoles, entreprises…
Le gombo et le piment, stars de la ferme Capri
Lors de notre passage, au début de l’automne, les dernières tomates de l’année ont été récoltées. La cinquantaine d’arbres fruitiers dispersés sur le terrain a donné l’essentiel de sa production. Les fleurs de chicorée, les blettes et la roquette sauvages s’ébrouent dans différents parterres. Tandis que les multiples variétés de thym et de basilic chatouillent les narines. Pendant deux matinées, Isaac a sorti de terre des patates douces avec un centre social. Et les productions de l’automne remplissent le reste des cagettes : chou kale, chou-fleur, brocoli, fenouil, poireau…
S’ajoute dans les paniers de récolte le gombo, une plante dont les fleurs ressemblent à l’hibiscus, mais surtout connue pour son fruit, très cuisiné dans certaines cultures et qui pousse très bien sous le soleil de Marseille. « C’est le légume emblématique de la ferme », s’enthousiasme Élise. Suivi par le piment, qui se décline sous plusieurs variétés. « Cela en dit long sur la façon dont on peut intégrer la diversité culturelle au lieu », ajoute encore la responsable.
La Ferme Capri a d’ailleurs noué un partenariat autour du piment avec une association locale, Maleizi. Elle en achète pour faire de la transformation et vendre des sauces sur différents marchés dont l’étiquette affiche « Les Piments de Capri ».
La suite dans le prochain épisode, autour de la justice agro-alimentaire.
Ayant de la famille habitant Marseille depuis fort longtemps, ils m’ont informé ne pas pouvoir se rendre dans ces quartiers envahis par la drogue et la délinquance… C’est bien dommage. Avez-vous des conseils ou autres moyens ??
Bonjour, c’est difficile pour nous de répondre à votre question. Nous pouvons cependant vous dire que la journaliste qui a réalisé ce reportage s’est rendue sur place après avoir pris métro, bus et marché un petit quart d’heure. Elle ne s’est pas sentie en insécurité mais c’était en pleine journée.