Vous l’aimez nature, tranchée, en bouillie, arrosée de rhum ou lovée dans du chocolat façon banana split… Certes, la banane est parfumée, sucrée et nous fait oublier qu’il fait frisquet mais sa production est responsable de sérieux dégâts. Quatre ONG européennes ont donc lancé une campagne : « le juste fruit« , une vraie mine d’informations. On y apprend notamment que la banane est le fruit tropical le plus consommé en Europe, mais la plupart des bananes sont cultivées pour l’exportation dans de grandes plantations en Amérique Latine et de plus en plus en Afrique de l’Ouest.
Seule une poignée de multinationales du fruit – Dole, Del Monte, Chiquita, Fyffes et Noboa – contrôlent 80% du commerce international de la banane. En plus, quasiment toutes les bananes que nous mangeons sont cultivées en monoculture et plus de 95% d’entre elles appartiennent à la même et unique variété : la banane Cavendish. « Ce manque de variétés génétiques rend les plants très vulnérables aux parasites, aux champignons et aux maladies. Des insecticides et des pesticides sont donc appliqués en grande quantité sur les plantes », nous apprend-on sur le site. Les produits agrochimiques sont notamment vaporisés par avion, et on estime que 85% n’atterrissent pas sur les cultures! Les travailleurs, leurs habitations et leur nourriture sont donc gentiment arrosés… Sans compter le fait que les employés des plantations travaillent entre 10 et 12 heures par jour, jusqu’à 6 jours par semaine.
Mais pas de panique ! Bananes françaises ou pas, la solution est à portée de main : faites attention aux fruits que vous achetez. Privilégiez-les bio et issus du commerce équitable.
Les DOM TOM, bons élèves?
N’oublions pas qu’en France, nous avons également des plantations de bananes, production localisée à 70 % en Martinique. Celle-ci a fortement baissé (-37 %) en dix ans, selon un document du ministère de l’Agriculture datant de 2010. En cause ? Les ravages des cyclones, et surtout la concurrence des « bananes dollar » des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Ces dernières menacent sérieusement la banane des pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et la banane européenne, qui vient principalement des dom tom français.
Comme l’explique une journaliste de RFI, « aux Antilles, le traumatisme qu’a constitué à la fin des années 1990 la révélation d’une contamination des sols par le chlordécone, abandonné depuis 1993, a obligé la profession à redoubler d’efforts : la lutte contre le charançon, les vers et les insectes privilégie aujourd’hui la rotation des cultures et les pièges à phéromones, plutôt que les insecticides. De même, l’association a des plantes protectrices qui limite l’usage des herbicides. »
La médiatisation du recours abusif aux pesticides a poussé les planteurs de Guadeloupe et de Martinique à s’unir en lançant un plan « banane durable 2008-2013 », qui met l’accent sur la protection de l’environnement mais aussi sur les conditions de travail des employés. Pour en savoir plus, allez visiter leur site !
Le hic ? Les producteurs de bananes antillais n’ont pas la pêche. Eux qui détiennent 40% du marché français voit ce dernier rétrécir, concurrencé par l’Amérique latine et maintenant la Colombie et le Pérou. L’Europe n’a de cesse de signer des accords qui prévoient des réductions des droits de douane sur les bananes étrangères. Actuellement de 176 euros la tonne, les droits passeront à 75 euros d’ici à dix-sept ans… La banane de guerre n’est pas enterrée.