Il faut la jouer filou avec les crépidules. Ces mollusques invasifs sont extrêmement coriaces : pour s’en débarrasser, tous les moyens sont bons… Comme les déguster, une fois cuisinés ! Trois choses à savoir sur ces coquillages mal aimés.
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C’est un coquillage invasif introduit par les Américains
Originaires de Virginie (USA), ces coquillages ont été introduits en Angleterre dès la fin du 19e. Mais ce n’était que la première étape de leur road trip européen. Arrive la seconde guerre mondiale. En préparation du débarquement des troupes américaines, de nombreux navires et pontons stationnent dans les eaux anglaises, déjà infestées de larves de crépidules. Celles-ci se scotchent aux bateaux, et voyagent clandestinement vers la France, le jour J. Des plages normandes, la crépidule n’a plus eu qu’à « essaimer » en Bretagne. Pour connaître les trois phases qui ont permis la prolifération des crépidules, cliquez ici.
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Le crépidule est hermaphrodite et sa libido est en feu
La crépidule ne s’en cache pas : son véritable nom est Crepidula fornicata. Elle est hermaphrodite, mais est tantôt mâle, tantôt femelle (et peut changer de sexe une fois dans sa vie). Crepidula vit en colonie, les individus se fixent les uns sur les autres, comme on le voit facilement sur les photos. Il ne reste plus qu’aux femelles et aux mâles collés les uns aux autres à se féconder. Efficace n’est ce pas ? Tellement efficace que l’Ifremer a comptabilisé des stocks de crépidules de 250 000 tonnes rien que dans la baie de Saint-Brieuc.
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Moi, moche et méchant, et succulent
« Le développement de cette espèce, qui tapisse les fonds marins, se fait au détriment des autres », raconte le maire de Cancale Pierre-Yves Mathieu au micro de France Info. Ce qui signifie que dans quelques années, « on perd la production d’huîtres, la production de moules, de poissons plats. Donc c’est vraiment l’écosystème de la baie qui est menacé, on est vraiment devant une menace réelle ». Mais l’histoire des crépidules sonne comme une maxime de vie. Bien qu’il soit toujours TRES difficile de se débarrasser d’une espèce invasive, on peut décider d’en stopper la prolifération manu militari. C’est ce qu’ils ont fait : un bateau a dragué 100 000 tonnes de ces mollusques. Sinon, on peut faire de ce fléau une force : renommer Crepidula « berlingot de mer », apprendre à la cuisiner, et en faire un plat de gourmet ! Des entreprises locales commencent même à en exporter aux Etats-Unis. Une crépidule poëlée, avec un filet d’huile de noisette, ça vous dit?
Bonjour,
j’ai goutté des crépidules cuites, la chair n’était pas dure comme les « arapèdes » (patelles) qu’on consomme en Provence. Le gout d’iode assez fort est équilibré par le gout sucré. je les verrai bien en soupe , même recette que la soupe de moule toulonnaise.
Bonjour Guy,
merci pour votre suggestion. Une soupe de crépidules, en voilà une bonne idée !
Je suis entièrement d’accord.
Merci pour votre commentaire Patrick.