Au hameau La Fontaine, dans la commune d’Orée d’Anjou (Maine-et-Loire), l’agriculture est au centre de l’activité. À l’origine, il y avait quatre fermes, il en reste toujours trois en 2022. Dont La Ferme des Prés d’Orée de Michel Cussonneau, de sa fille Line et de son compagnon Nathan. Christelle, la mère, n’est pas associée, mais salariée de l’exploitation. Ensemble, ils portent un projet d’élevage laitier bio, avec transformation à la ferme d’une partie du lait (de vaches) en fromages et yaourts. Un résultat qui est le fruit d’une longue maturation de la ferme familiale.
Michel, 55 ans, a hérité de la ferme de ses grands-parents, puis de ses parents. Il a rejoint son frère aîné en s’installant en 1994, après avoir été contrôleur laitier pendant deux ans. « C’était l’époque des quotas laitiers. Il n’y avait pas moyen d’augmenter le troupeau de vaches. À mon installation, on a donc commencé à faire de la vigne en vente locale », se remémore-t-il. Puis l’année 2009 a été charnière. Son frère s’est arrêté, par découragement et ras-le-bol du métier. Cette année-là, la crise du lait battait son plein, le prix du litre de lait était passé sous les trente centimes. « On se sentait un peu seuls dans cette crise, pas soutenus », relate Michel.
L’Apli, l’association des producteurs de lait indépendants, marque les esprits en déversant des dizaines de milliers de litres de lait devant le Mont-Saint-Michel. Michel s’est alors rendu à l’une de ses réunions, organisée localement. Dès le lendemain, il plantait un panneau devant sa ferme, expliquant qu’il rejoignait la grève du lait. Il n’autorisait plus son lait à partir à la coopérative Terrena à laquelle il le vendait jusqu’ici, mais invitait les gens du coin à venir en prendre à la ferme.
À l’époque, l’Apli invite des Québécois à expliquer la façon dont le marché national du lait fonctionne chez eux. Cela impressionne Michel, car ce sont eux qui fixent leur prix, non les industriels. « Cette crise, ça nous a ouvert les yeux, raconte-t-il aujourd’hui. On s’est rendu compte qu’on travaillait de plus en plus pour gagner moins. Que même le tank de lait, on n’en était pas propriétaire. » Comme d’autres producteurs réunis au sein de l’Apli, il a ensuite contribué à la création de la marque Faire France, en 2012. Il s’agit d’une marque de producteurs, qui leur permet de reprendre la main sur le prix du litre du lait.
La réflexion de Michel a avancé. Ces premiers jalons l’ont emmené vers l’agriculture biologique, qui devenait de plus en plus une évidence pour lui. « C’était un moyen de se sentir plus indépendant. Cela venait confirmer des changements que l’on avait fait progressivement à la ferme. On achetait beaucoup moins d’aliments par exemple, on faisait quasiment tout sur place. Bref, il y avait de moins en moins de différences entre le bio et ce que je faisais, donc autant franchir le cap. » Ce qui fut fait officiellement en 2016. Un choix sur lequel Michel ne reviendrait pour rien au monde et fortement encouragé par sa fille.
La suite dans le prochain épisode.