Les lentilles, une filière française entrée en résistance

La lentille est une légumineuse qui a plus d’un atout dans son sac. Avec son apport de 10 grammes de protéines pour 100 grammes consommés (Anses), il s’agit d’une alternative végétale à la viande très intéressante. Elle apporte aussi des fibres et elle est pauvre en graisse.

Délaissée au cours de la deuxième moitié du 20e siècle

Longtemps consommée en France, la lentille a été délaissée au cours des années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, comme la plupart des autres légumineuses, également appelés légumes secs. Comme le relève l’économiste de l’Inrae Marie-Benoît Magrini dans son article « Pourquoi les Français ont délaissé les légumes secs », « c’est à partir de cette époque que les légumineuses ont été considérées presque exclusivement comme réservées à l’alimentation animale » avant d’être dépassées par le soja majoritairement importé, tandis que les habitudes alimentaires de la population ont mis les pâtes, d’autres produits à base de blé et de la viande au centre des repas.

Des bénéfices environnementaux souvent mal connus

Pourtant, la lentille présente des bénéfices environnementaux non négligeables. Comme les autres légumineuses, elle fixe l’azote naturellement présent dans l’air, indispensable au développement de la matière organique. Cela permet de la cultiver sans avoir besoin d’engrais azotés comme c’est le cas pour la plupart des cultures de blé, d’orge ou de maïs. La culture de la lentille permet ainsi de se passer de ces engrais qui émettent du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre représentant 40 % des émissions totales de gaz à effet de serre du secteur agricole en France (Citepa, 2022).

En laissant de l’azote au sol après sa pousse, elle permet aussi de réduire l’usage d’engrais azotés pour d’autres plantations futures et d’améliorer leurs rendements. Intégrée à un cycle de cultures, elles permet de rompre avec le cycle de certaines maladies et de présence de certains ravageurs.

Regain d’intérêt

La volonté de diversifier les cultures et un contexte de prix favorable ont dynamisé les surfaces de lentilles en France. Celles-ci sont passées de 17 200 hectares en 2015 à 34 900 hectares en 2021, selon Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales. En 2020, environ 20 000 tonnes de lentilles ont été récoltées. Mais pendant le même temps, 27 700 tonnes de lentilles ont été importées d’après Terres Univia, montrant un décalage entre la consommation et la production.

En France sont principalement cultivées des lentilles vertes. Plusieurs appellations sont présentes sur le territoire : la Lentille verte du Puy (Haute-Loire), la Lentille verte du Berry (Indre-et-Cher), la Lentille blonde de Saint-Flour (Cantal) et le Lentillon rosé de Champagne.

Des limites à dépasser

Toutefois, pour développer la filière, plusieurs obstacles sont à lever. D’une part, la recherche sur la lentille est limitée par la taille de son marché, ce qui a pour conséquence d’avoir peu de solutions étudiées pour contribuer à leur meilleur développement, alors que lentilles sont très sensibles face aux aléas climatiques ou à la bruche (un coléoptère), son principal ravageur. Le peu de recherche limite aussi les variétés disponibles pour les producteurs.

Pour contrer ces effets, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) a lancé en 2019 le projet RésiLens. Celui-ci vise à répondre aux problématiques de maladies rencontrées par la variété de légumineuse la plus cultivée en France, dans l’objectif d’accroître la production sur le territoire afin de répondre à la demande de consommation.