Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs font entendre leurs voix. La principale revendication concerne des revenus plus justes et à la hauteur du travail fourni. Certains des manifestants disent de pas gagner suffisamment pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. Voici quelques chiffres permettant d’y voir plus clair.
Les revenus des agriculteurs sont très disparates
D’après Libération, qui se base sur les données actualisées de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), la moyenne des revenus sur la période 2010-2022, tout type d’exploitation confondu, s’élève à 32 000€. Pour être précis, quand on parle de revenus, il s’agit de l’excédent financier dégagé par l’exploitation agricole avant impôt, une fois déduites toutes les charges.
Sur cette même période, les 10% des agriculteurs les plus riches ont un revenu supérieur à 80 300 €. Les 10% les plus pauvres sont en déficit (en moyenne 4 600 € de déficit). Autrement dit, 10 % des agriculteurs n’ont pas de quoi se payer et donc subvenir à leurs besoins.
Autres données intéressantes à relever : 30 % des agriculteurs ont un revenu supérieur à 40 000 €, 40 % un revenu inférieur au SMIC brut annuel ( au 1er janvier 2024, le SMIC annuel brut s’élève à 21 203 €).
Les écarts entre les revenus les plus hauts et les plus faibles se sont creusés. En 2010, l’écart entre le revenu le plus élevé et le plus bas était de 80 000 €. En 2022, cet écart passe à 130 000 €.
L’élevage moins rentable que la culture
Ce sont les éleveurs qui s’en sortent le moins bien en particulier les éleveurs bovins, que ce soit pour la viande ou pour le lait. Leurs revenus respectifs sont de 20 200 € et 29 500 €, à comparer à la moyenne de 32 000 €. Les éleveurs d’ovins et caprins se retrouvent aussi dans le bas de l’échelle avec un revenu moyen de 21 700 € . Élevages porcins et volailles s’en sortent mieux (respectivement 47 200 € et 34 200 €).
D’une manière générale, les cultures ont un meilleur bilan financier. Les grandes cultures – céréales (blé, orge, maïs…), oléagineux (tournesol, colza, soja…) et protéagineux (pois, féveroles…) – sont en tête avec un revenu moyen de 56 300 €, suivies de la viticulture à 52 000 €. Le maraîchage et les fruits et cultures permanentes se rapprochent de la moyenne globale (respectivement 39 200 € et 32 800 €).
Des revenus qui fluctuent
La moyenne des revenus annuels des exploitations agricoles avant impôt a beaucoup fluctué entre 2010 et 2021, allant de 20 000 € à 40 000 €.
En 2022, cette moyenne passe même la barre des 50 000 €. Les revenus des exploitations agricoles ont en effet augmenté de 28,2% par rapport à l’année précédente. Plusieurs explications à ce phénomène.
Tout d’abord, les éleveurs porcins chinois ont été contraints d’abattre de manière massive leur cheptel pour contrer une épidémie de peste porcine africaine. Face à la forte baisse de l’offre chinoise et l’explosion de la demande internationale, les prix du porc ont augmenté de manière exponentielle, au bénéfice des éleveurs français.
Ensuite, la flambée des cours des matières premières comme le blé, le colza, le sucre ou encore le maïs. L’augmentation des prix a déjà commencé en 2021 à la suite de la crise du Covid, et s’est confirmée en 2022 en répercussion à la guerre en Ukraine. Pour cause, l’Ukraine est un producteur de céréales important, production aujourd’hui fortement perturbée par les combats.