« Le salon de coiffure est plein, ce jour-là. Des femmes et quelques hommes installés dans les fauteuils face aux miroirs, des enfants qui courent partout, des employés qui vont et viennent… Entreprenant de peigner mes cheveux mouillés, le coiffeur soulève de longues mèches. Il révèle alors toute l’étendue du blanc qui, depuis la fin de la vingtaine, envahit peu à peu ma chevelure châtain. Ce blanc me distingue : autour de moi, les autres clientes arborent toutes les couleurs de cheveux possibles, sauf celle-là. Un instant, cette singularité m’épouvante, comme si je commettais un impair, une transgression presque obscène », raconte Mona Chollet, journaliste au Monde diplomatique, sur son blog.
Une scène malheureusement banale. Cachez ces cheveux blancs que je ne saurais voir ! Voilà la norme. Pour les femmes, du moins. Si la chevelure poivre et sel de ces messieurs est un atout de séduction, pour la gente féminine, la canitie est plutôt synonyme de vieillissement (avancé?), d’une perte de « sex-appeal », voire d’un laisser-aller frisant la négligence…
Gloire aux « blandes »
Heureusement, certaines voix s’élèvent aujourd’hui pour glorifier les chevelures immaculées. Mona Chollet poursuit un peu plus loin, dans son post : « Abstraction faite du regard des autres, parfois perplexe ou réprobateur, j’aime mes cheveux blancs. Je les trouve beaux. J’aime l’idée de laisser ma chevelure se métamorphoser lentement, blanchir peu à peu, avec la douceur et la luminosité que cela lui apporte. J’aime cette impression de me laisser aller en toute confiance dans les bras du temps qui passe, au lieu de me cabrer, de me crisper ».
Mais c’est surtout la papesse de la mode -anciennement journaliste à Elle, aujourd’hui chez l’Obs- Sophie Fontanel, qui a saisi ce tabou à bras le corps, dans un livre paru en août dernier, Une apparition. Elle y raconte, de façon romancée, sa propre histoire. Celle d’une femme qui a vu ses premiers cheveux blancs pousser avant même d’atteindre la majorité et a fait intensément usage des teintures capillaires. Il y a deux ans, elle a pourtant décidé d’accepter ses cheveux blancs, de se libérer de cette pression sociale, de ce dogme de la beauté. Durant deux années, elle a documenté cette transition sur Instagram. De l’émergence des premières racines blanches, jusqu’à l’apparition d’une belle crinière argentée.
Faire la part belle à ses cheveux devient désormais à la mode. Sur les forums et les réseaux sociaux, on appelle ça « going gray ». Et les hashtags #goinggray, #grannyhair (cheveux de mamie), #greydontcare (le cheveux gris, et alors?), #silverhair (cheveux argentés)… se multiplient. De son côté, Sophie Fontanel a opté pour le terme de « blande », contraction de blanche et blonde. Plus gai, il est vrai, que grisonnant !
Apprendre à voir la beauté des cheveux blancs
Pour la journaliste, le problème vient notamment du manque de modèles aux cheveux blancs. Les femmes aux cheveux ivoirin sont encore rares sur les couvertures des magazines ou comme égéries de grandes marques. L’œil doit s’habituer à reconnaître cette beauté, explique-t-elle sur Madame Figaro, avant d’ajouter : « J’aimerais aller voir les gens de L’Oréal et leur parler de toutes les possibilités qui existent autour des cheveux blancs. Pour les avoir acier, nacrés, vanillés, longs, dégradés… Aujourd’hui, il n’y a que des produits contre le jaunissement».
« Les femmes ne sont pas condamnées à rester telles qu’elles ont été dans leur jeunesse. Elles ont le droit (je ne dis pas que c’est un devoir, et chacun fait comme bon lui semble) de s’enrichir d’un autre aspect, d’une autre beauté », écrit-elle dans son livre. On est bien d’accord. Pas vous ?
Non seulement ce mot blande – coup de génie de Sophie Fontanel – dépoussière complètement le cheveu blanc mais encore il permet aux blandes de porter fièrement leur couleur – quel que soit leur âge. Beaucoup de blandes jeunes cachent encore cette beauté naturelle sous des teintures et c’est bien dommage,car le blanc ou les poivre et sel sont sublimes aussi sur des visages jeunes.
Je rêve que ce mot blande devienne courant et qu’il rentre dans le dictionnaire. Ce serait une belle victoire !
Alors employons-le et faisons-le circuler un maximum !
Atteinte du vitiligo depuis très jeune. A
40 ans j’ai les cheveux complètement blancs . Je suis complexée et je vis souvent des dépressions a cause de mes cheveux au point ou je refuse même de me marier ! Parfois l’envie de mourir me frôle l’esprit. ..la vie m’est très dure
Bonjour Mérie,
je vous remercie de nous avoir laissé un commentaire. Comme vous avez pu le lire, avoir les cheveux blancs n’a pas à être stigmatisant, même s’il peut bien sûr parfois être dur de l’assumer. J’espère que vos idées noires se sont éloignées. Nous vous apportons tout notre soutien.
C’est quoi ce truc de blandes !!! je ne vous ai pas attendu pour assumer mes choix et mes cheveux blancs, chacune est libre de faire ce qu’elle veut, vous nous rabaissez au rang d’objet!!!! si certaines veulent cacher leurs cheveux c’est leur choix , laissez les donc, c’est encore un coup de pub pour un bouquin qui va à l’encontre du féminisme!!! cela suffit, nous sommes au 21ème siècle utilisez votre notoriété pour des valeurs plus importantes : la liberté, l’égalité etc….
Nous sommes tout à fait d’accord avec vous et loin de nous l’idée de ramener la femme à l’état d’objet.
Nous avons justement voulu faire cet article pour lutter contre les diktats de la beauté qui imposent aux femmes de rester jeunes et teindre leurs cheveux. Et ce même au 21 ème siècle !
Mais bien entendu, à partir du moment où il s’agit d’un choix non imposé, un choix de pleine conscience, alors oui toute femme a son libre arbitre.
J’ai méché de plus en plus clair pour arriver à la solution finale ayant trop détesté voir mes vieilles tantes rester rousses Jusqu’à 75 ans pour finir par abandonner leurs racines à leur triste sort …une vraie calamité..
Ma grand mère avait une magnifique méche blanche le jour de son mariage, elle n’a jamais triché..
Merci beaucoup pour votre témoignage Saint-Marcel. Faire des mèches de plus en plus claires peut être une bonne solution pour une transition plus douce.
Je trouve que cela vieillit trop donc moi je ferai des couleurs tant que je peux.
A chacun de faire son choix, effectivement. Loin de nous l’idée de prôner les cheveux blancs à tout prix !
coucou , ça commence a être a la mode les cheveux blanc avec gris alors moi je dis pourquoi pas si on se sens bien dans ses baskets il faut foncer
bonne soriée
Merci pour votre commentaire. Le principal, c’est justement d’être bien dans ses baskets. Pour certaines, cela signifiera avoir une teinture parfaite. Pour d’autres, ce sera garder les cheveux blancs. De plus en plus de femmes font ce choix.
je suis entièrement d’accord,j’ai fait longtemps des couleurs,pour faire plaisir à mes enfants,car j’ai eu des cheveux blanc tôt.Quand j’ai été grand-mère il y a 6ans1/2,j’ai dit stop foutez -moi la paix maintenant je suis grand-mère et mes cheveux blanc ne me dérangent pas.Du coup ils me laissent tranquille.Souvent on me dit que j’ai une belle couleur,et c’est vrai,mes cheveux je les aiment comme ils sont,j’ai 58 ans et en suis fière,je ne voudrai pas revenir en arrière,l’avenir est devant,et la couleur de mes cheveux ne m’empêchera pas d’avancer.Belle journée et merci pour vos articles.mam’yvette
Merci pour ce témoignage Mam’yvette ! On espère qu’il inspirera d’autres lectrices.