C’était le grand bouleversement annoncé pour la rentrée : l’interdiction des téléphones portables à l’école et au collège. Mais en pratique, qu’est-ce que donne cette nouvelle loi ?
Qui est concerné ?
Dès la rentrée, l’utilisation des téléphones est interdite dans l’enceinte des écoles et des collèges. La loi permet également d’étendre l’interdiction au lycée (en l’inscrivant au règlement intérieur). Cette interdiction est valable pendant le temps scolaire, périscolaire, et même lors des sorties scolaires.
Y a-t-il des exceptions ?
Les élèves handicapés ou souffrant d’un trouble de santé invalidant peuvent garder leur téléphone. Les enseignants peuvent également décider de l’autoriser à des fins pédagogiques. Au collège Ferdinand-Clovis-Pin, à Poitiers, il est par exemple utilisé « en physique-chimie pour filmer les travaux pratiques, explique la principale Françoise Boisseau, dans La Nouvelle République. Nous les utilisons aussi en langue, où les élèves doivent flasher des QR code pour accéder à des textes ou à des questions de cours »
Est-ce vraiment nouveau ?
Depuis juillet 2010, l’utilisation du portable était interdite « durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur ». La nouvelle loi ne change donc pas complètement la donne. Par contre, les profs peuvent maintenant confisquer les téléphones. Et leur utilisation est désormais également interdite dans la cour (sauf indication contraire dans le règlement). En réalité, de nombreux collèges et écoles interdisaient déjà l’utilisation du téléphone. La moitié des collèges, selon le ministère de l’Éducation.
Concrètement, comment ça marche ?
C’est à chaque établissement de s’organiser : demander aux élèves de laisser leur téléphone dans leur sac ou bien de les ranger dans un casier. Les élèves « auront trois solutions, explique par exemple Olivier Daudé, directeur du collège-lycée privé Saint-Joseph à Vendôme (Loir-et-Cher), dans Le Parisien : soit ils s’exposent à se le faire confisquer si on les surprend, soit ils le laissent chez eux, soit ils le laissent dans les casiers que l’on va installer dans l’établissement. » Le bahut propose en effet la location de box individuel, s’ouvrant avec une clé, pour un euro par mois. Dans d’autres établissements, on est plus laxiste. Une mère d’élève du collège Pierre-Alviset de Paris (Ve) raconte : « J’ai lu tout l’été que les portables seraient interdits à la rentrée. J’ai donné l’ordre à ma fille de ne pas le prendre pour sa rentrée. Mais au bout de deux jours, j’ai changé d’avis quand j’ai vu qu’elle était la seule… ». Ici, les téléphones restent autorisés dans la cour.
Finalement, cette interdiction est-elle utile ?
Au collège Georges-Besse de Loches, dans l’Indre-et-Loire, on assure que oui. Le téléphone y est interdit depuis un an déjà et les résultats sont au rendez-vous. « Les élèves ont bien intégré l’interdiction, rapporte la CPE Morgane Monnier, sur France Bleu. Dans la cour de récréation, on l’a vu tout de suite : les élèves se parlaient beaucoup plus entre eux, jouaient ensemble. Ils n’étaient plus assis les yeux rivés sur leur appareil. Avant, des élèves prenaient des photos des professeurs ou de leurs camarades, et les mettaient sur les réseaux sociaux sans autorisation. » Reste à savoir si les effets seront bénéfiques partout ailleurs.