Les arbres sont les atouts des villes. Mais à quel point ? Tania Landes, professeure des universités à l’INSA Strasbourg, est coordinatrice du projet de recherches TIR4sTREEt (Thermal InfraRed for Street Trees), qui implique des scientifiques de l’Université de Strasbourg, de l’INRAE Nancy, de l’INRAE Clermont-Ferrand, de l’Eurométropole Strasbourg et l’association Plante et Cité. Mon Quotidien Autrement l’a rencontrée.
En quoi consistent vos recherches sur les arbres en ville ?
Nous observons trois espèces d’arbres d’alignement de rue dans le temps : le platane, le micocoulier et le tilleul. Nous essayons de déterminer grâce à quelles conditions et quelle espèce va avoir l’effet optimal par rapport aux autres pour guider les projets futurs de plantation et répondre notamment aux problématiques des îlots de chaleur. Avec des capteurs spéciaux, nous mesurons la température et la transpiration de ces arbres, ainsi que les conditions climatiques autour (température, humidité). L’idée, c’est que toutes ces mesures permettent d’affiner des logiciels de simulation déjà existants et développés dans notre consortium de recherche. Ceux-ci pourront servir aux aménageurs pour comprendre quel type d’arbres choisir et quels aménagements faire autour.
Pourquoi les arbres sont-ils rafraîchissants ?
C’est un des effets des arbres, sans être leur objectif. Les arbres ne rafraîchissent pas directement l’air, mais ils empêchent l’air de se réchauffer. Ils jouent un peu un rôle de brumisateur. En essayant de réguler leur propre chaleur, les arbres transpirent via les stomates de leurs feuilles, qui sont comme leurs pores. En transpirant, les arbres émettent de l’eau dans l’air sous forme de gaz et c’est comme s’ils aspiraient de l’air chaud. Ils évitent ainsi que l’air s’échauffe trop vite, par rapport à des rues où il n’y a pas d’arbres. Un autre facteur évident du pouvoir rafraîchissant des arbres, c’est leur ombre portée. Nous avons constaté des écarts de températures de 20 à 25 degrés sur différents matériaux ou revêtements de sol en fonction de l’ombre portée des arbres.
Qu’est-ce qui distingue les arbres des villes des arbres des champs ?
En ville, l’espace dans lequel l’arbre va s’installer est bien plus réduit qu’en zone rurale ou que dans un parc. Il faut qu’il arrive à se débrouiller avec des sols pas forcément très faciles, terrassés ou pas très fertiles. Étudier les arbres d’alignement est un vrai challenge : chacun peut avoir un comportement un peu différent de son voisin, en fonction de la présence ou non d’un bâtiment à proximité et de sa hauteur, de la façon dont le soleil l’atteint au cours de la journée, d’un courant d’air dont il bénéficie…
À quoi faut-il veiller pour avoir plus d’arbres en ville ?
Les arbres ne sont pas forcément la solution miracle pour améliorer le confort dans les rues. Pour qu’un arbre survive, il faut déjà lui préparer un peu le terrain. Aujourd’hui, on y est beaucoup plus attentif qu’avant. Pour qu’il puisse se développer, il ne faut pas qu’il soit dans un espace trop contraint, trop bétonné. Il faut aussi le surveiller et l’entretenir. Bien sûr, il faut aussi veiller à ce qu’il puisse aller puiser de l’eau. Certains arbres en ville sont impressionnants pour aller en chercher très loin en profondeur.