Si vous êtes fan de Brad Pitt et d’Angelina Jolie, vous connaissez peut-être déjà Correns. Le couple d’acteurs hollywoodiens avait choisi cette commune du Var (893 habitants) comme lieu de villégiature, avant de s’en séparer en 2016. Mais Correns, c’est aussi un village qui a fait le pari du bio avant l’heure et qui en récolte aujourd’hui les fruits. Il s’est même auto-proclamé « premier village bio de France ». Son maire, Michaël Latz (LERM), nous raconte la transition de Correns.
Comment est née cette démarche bio à Correns ?
Michäel Latz : Lorsque j’ai été élu maire, en 1995, la coopérative viticole du village était menacée de fusion avec celle du village voisin. Elle n’atteignait pas la taille critique pour être rentable. Une coopérative qui disparaît d’un village équivaut à la fin de sa vie économique. A l’époque, j’étais déjà très sensible aux problématiques environnementales. J’ai donc proposé aux coopérateurs de se convertir au bio. C’était aussi un moyen de se différencier. A ma grande surprise, ils ont adhéré et deux ou trois ans plus tard, la coopérative était 100 % bio.
Le bio ne s’est cependant pas cantonné à la viticulture à Correns. Aujourd’hui l’intégralité de la commune ou presque est en agriculture biologique. Comment êtes-vous parvenu à tous les embarquer dans cette transition ?
M.L. : Progressivement, un maraîcher, puis un apiculteur, un éleveur de chèvres dans les forêts communales, un agriculteur de plantes aromatiques et médicinales, une éleveuse de poulets et de poules pondeuses, un éleveur de poneys et de chevaux se sont installés. Ceux qui sont arrivés plus récemment, sont justement venus car ils adhéraient à cette démarche. Résultat, la population est en hausse et la moyenne d’âge des agriculteurs est basse, entre 35 et 40 ans.
Vous essayez désormais de sensibiliser les plus jeunes.
M.L. : Nous avons mis en place une cantine bio et locale, car il était important pour nous de leur offrir une alimentation saine et de qualité. Mais nous faisons surtout un gros travail de pédagogie. Au début de chaque repas, une animatrice explique aux enfants ce qu’ils vont manger, d’où viennent les produits, pourquoi il vaut mieux ne pas manger trop de viande et privilégier la qualité… A la fin des repas, ils pèsent ce qu’ils jettent. L’objectif est d’avoir moins de 5 % de gaspillage. Par ailleurs, le bâtiment de la cantine est en éco-construction, car c’est quelque chose que nous souhaitons favoriser et valoriser.
L’éco-construction a-t-elle été aussi privilégiée ailleurs dans la commune ?
M.L. : En plus de la cantine et du centre aéré, qui sont équipés de panneaux photovoltaïques, et qui sont chauffés grâce à des plaquettes de bois issues des forêts communales, nous avons également fait rénover la mairie selon une démarche de haute qualité environnementale. Une chèvrerie avec un toit solaire a été construite récemment. Nous encourageons également les habitants à la rénovation énergétique via des incitations fiscales et des aides à l’investissement.
Avez-vous d’autres projets encore pour le village bio ?
M.L. : Nous réfléchissons actuellement à l’installation de petites éoliennes, de moins de 15 mètres, qui s’intégreraient facilement dans le paysage.