Les abeilles, qui s’éteignent à petit feu, ont leur dose – à raison ! – d’attention. Pourtant on parle peu des papillons, plus frivoles peut-être que les besogneuses pourvoyeuses de miel, mais tout aussi fondamentaux au cycle de la nature. Eux aussi sont des pollinisateurs ! Et eux aussi disparaissent… L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a dévoilé fin juillet 2013 les résultats de son rapport sur les papillons de prairies, basé sur la surveillance des papillons dans dix-neuf pays d’Europe. Le bilan conclut qu’entre 1990 et 2011, plus de la moitié des papillons de prairies ont disparu.
Dix-sept espèces de papillons ont été examinées. Au total, huit espèces ont reculé en Europe, deux sont demeurées stables et une seule est en augmentation. La tendance reste incertaine pour les six dernières espèces observées.
Raison de l’hécatombe ?
Selon l’étude, les deux raisons principales sont l’agriculture intensive – qui détruit la biodiversité et utilise des pesticides – et la disparition des prairies qui sont en grande majorité l’habitat principal des papillons européens. « Dans sa forme la plus intense, les parcelles soumises à une agriculture intensive deviennent stériles et n’accueillent plus aucun papillon », peut-on lire dans le rapport. Ceux-ci en sont réduits à survivre sur les petits îlots de végétations près des voies ferrées …
Interrogé par le journal la Croix, Benjamin Bergerot confirme : « La plupart des espèces de papillons font les frais de l’activité humaine. Incontestablement, l’agriculture intensive qui dégrade l’habitat naturel des papillons, a contribué à diviser par deux le nombre de ces insectes. Mais plus encore, les papillons souffrent de la fragmentation du paysage, conséquence d’une urbanisation incontrôlée et de l’ensemble des pressions exercées par l’homme ».
Devenez vous aussi un observateur de la bio diversité
Pour arriver à ces résultats édifiants, l’AEE s’est basée sur des rapports de terrain effectués par des milliers de bénévoles et par les professionnels qui comptent les papillons sur envrion 3.500 portions – entre 0,5 et 3 km- éparpillés dans toute l’Europe. Des coordinateurs nationaux recueillent les données.
En France, un organisme effectue les comptages : c’est l’observatoire des papillons de jardins géré par le site vigie-nature qui se base sur un programme de sciences participatives. Près de 10 000 jardins ont participé depuis le début de l’opération. En tout, plus de 77 000 relevés mensuels envoyés, soit plus d’un million de papillons comptés depuis 2006. Si ça vous tente, inscrivez vous ici Observatoires Vigie-Nature, après avoir fourni votre courriel, le code postal de votre commune et une brève description du jardin. Sur le site de Noé Conservation, vous pourrez télécharger une fiche d’identification des papillons, une fiche méthodologique avec des conseils pratiques et une feuille de comptage. A vous de jouer !