Nous vous avions déjà parlé des terres rares, ces métaux aux consonances latines que l’on retrouve dans les téléphones, les tablettes ou encore dans les voitures électriques. Au cours des prochaines décennies, nous allons manquer de terres rares. Mais pas seulement. En réalité, ce sont les approvisionnements de tous les métaux qui pourraient se retrouver en tension. Même ceux qui, a priori, n’ont rien de rare.
On peut classer les métaux en trois catégories :
- Les terres rares
Elles sont au nombre de 17 (scandium, yttrium, lanthane…) et ont la particularité d’avoir un faible taux de concentration dans le sous-sol et de nécessiter des technologies de séparation des éléments complexes. - Les métaux stratégiques ou critiques
Ce sont des métaux qui ont un rôle prépondérant dans notre société, qui sont fournis par un petit groupe de pays, sont peu recyclés et sont amenés à être de plus en plus demandés dans les années à venir. Chaque pays ou groupe de pays établit sa propre liste de métaux stratégiques. L’Union européenne en a identifié 30. Les Etats-Unis, 35. On y retrouve des métaux comme le cobalt, le lithium, le bauxite ou encore le tungstène. - Les métaux de base
Ce sont les métaux les plus courants et les moins chers. Ils sont utilisés très fréquemment dans l’industrie : aluminium, cuivre, nickel, zinc…
La guerre en Ukraine provoque des pénuries
Le problème, c’est que même les métaux de base se raréfient. Ces derniers mois, des constructeurs automobiles ont été forcés de stopper momentanément leur production, des fabricants de fenêtres se sont retrouvés en manque d’aluminium, des électriciens ont du rallonger leurs délais, faute de cuivre… Le conflit entre l’Ukraine et la Russie n’est pas étranger à la situation. La Russie produit en effet 6 % de l’acier mondial. Et elle est le deuxième producteur d’aluminium et le troisième de nickel dans le monde.
Mais cette guerre n’explique pas tout. En réalité, la transition énergétique implique également des besoins accrus en métaux. En maintenant la politique actuelle, la demande de métaux devrait doubler d’ici à 2040, selon une étude de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Et si l’Accord de Paris est respecté, on peut s’attendre à ce que cette demande soit multipliée par six.
Energies renouvelables et voitures électriques consomment des métaux
Les énergies renouvelables, notamment, sont fortement consommatrices de métaux de base. Le photovoltaïque présente des besoins soutenus en cuivre et en aluminium. Les éoliennes nécessitent quantité d’acier, de nickel et de cuivre. « Le sujet mérite d’autant plus d’attention que les énergies renouvelables, en l’état actuel de leur développement, requièrent davantage de matériaux que les énergies concurrentes pour une même puissance nominale », souligne l’Office franco-allemand de la transition énergétique (OFATE).
Dans les batteries et les véhicules électriques également, on retrouve cuivre, nickel et aluminium. La quantité de cuivre est même quatre fois plus importante en moyenne dans une voiture électrique que dans une voiture thermique. Et du cuivre, il en faut aussi tout simplement pour le développement des réseaux d’électricité. Si bien que la demande en cuivre pourrait doubler d’ici à 2040. « On ne pourra pas servir tout le monde », prévient Christopher Guérin, le patron de groupe d’électrification Nexans à propos de la capacité de l’entreprise à livrer ses câbles en cuivre dans les prochaines années, dans L’Usine nouvelle.
Une trop forte dépendance à un nombre de pays restreint
Ces problématiques d’approvisionnement viennent en particulier du fait que l’Europe et la France dépendent bien souvent de groupes de pays restreints pour se fournir en métaux. Et en particulier de la Chine. « Le quasi-monopole détenu aujourd’hui par la Chine ne vient pas de la concentration de la matière première dans son sous-sol mais d’un désengagement de la plupart des autres pays d’activités d’extraction et de traitement peu rémunératrices et polluantes », souligne l’Office franco-allemand.
Les solutions ?
L’Europe pourrait développer ses capacités de recyclage, encore trop faibles. Ou rouvrir des mines, qui sait. Mais c’est aussi à nous d’agir au quotidien. En évitant la surconsommation. En privilégiant les appareils réparables, comme le Fairephone. Et en faisant des achats durables. En cuisine, privilégiez pas exemple les ustensiles en inox, que vous pourrez garder à vie, plutôt que des poêles avec un revêtement innovant anti-adhésif qu’il vous faudra renouveler au bout de trois ans.