Et si, pour limiter le réchauffement climatique, nous réduisions nos émissions de méthane ? Moins connu que le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) est pourtant un gaz à effet de serre plus puissant encore. Point positif : selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement et de la Coalition pour le climat et l’air pur (CCAC), il serait raisonnablement possible de réduire de 45 % ces émissions sur la décennie 2020-2030. Ce qui permettrait par la même occasion de réduire le réchauffement du climat de 0,3 °C d’ici à 2045 et de respecter ainsi les objectifs de l’Accord de Paris.
« La réduction des émissions de méthane est le levier le plus puissant que nous ayons pour ralentir le changement climatique au cours des vingt-cinq prochaines années, et complète les efforts nécessaires pour réduire les émissions de CO2 », estime même Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
D’où vient le méthane ?
Ce gaz est présent naturellement dans l’atmosphère. Les végétaux, lorsqu’ils se décomposent, en émettent. Mais 60 % des 570 millions de tonnes qui sont rejetées chaque année sont d’origine humaine. Depuis l’ère préindustrielle, sa concentration dans l’atmosphère a plus que doublé. Trois grands secteurs en émettent :
- la production d’énergie : les fuites lors de l’extraction, de l’exploitation et de la distribution du gaz et du pétrole sont fréquentes. Les principaux pays concernés par ces fuites sont les Etats-Unis, la Russie, l’Algérie, le Turkménistan, l’Iran et l’Irak. L’exploitation des mines de charbon et les feux de biomasse sont également responsables.
- l’agriculture : l’élevage des ruminants est aussi en cause. Il est responsable du tiers de émissions. Lorsqu’elles digèrent les vaches rotent et/ou pètent sous l’effet de la fermentation de leur alimentation ce qui émet du méthane. Le fumier en génère également une importante quantité. Mais aussi la riziculture. Le méthane est en effet produit lorsque les sols sont constamment immergés, par des organismes qui se développent dans cet environnement.
- les déchets : les décharges à ciel ouvert dans lesquelles la matière organique se décompose sont néfastes pour l’environnement.
Quel est son impact sur le climat ?
Le méthane est moins abondant que le dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Mais il est responsable de 23 % du réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle. Après le dioxyde de carbone, il est ainsi le deuxième gaz contribuant le plus au changement climatique.
Et si sa durée de vie dans l’atmosphère est plus réduite que celle du CO2, son pouvoir réchauffant est bien plus élevé. Résultat, sur une période de 100 ans, l’impact du méthane serait 28 fois plus élevé que celui du CO2. Et 86 fois plus élevé sur une période de 20 ans.
Comment le limiter ?
La bonne nouvelle de l’étude menée par les Nations unies et la Coalition pour le climat et l’air pur, est qu’environ 60 % des mesures de réduction des émissions de méthane ont un coût raisonnable et un peu plus de 50 % d’entre elles ont un coût négatif. En d’autres termes, elles sont rapidement rentables car elles permettent d’économiser de l’argent.
- En agriculture : il est par exemple possible de capturer le méthane émis par le fumier et de l’utiliser pour se chauffer. Autre option : remplacer une partie de l’alimentation des bovins par des lipides issus de la graine de lin, voire de colza. Moins riche en glucides, cette alimentation limiterait la fermentation lors de la digestion des ruminants. Ou encore réduire notre consommation de viande pour baisser la part de l’élevage.
- Dans le secteur de l’énergie : en détectant et colmatant les fuites sur les infrastructures pétrolières et gazières, il serait possible de réduire considérablement les émissions de méthane. Le développement des énergies renouvelables est aussi bénéfique sur ces émissions.
- Dans le secteur des déchets : améliorer les conditions de stockage des déchets serait efficace en séparant notamment les déchets organiques des autres.
Les autres avantages de la baisse des émissions de méthane
La baisse des émissions de méthane n’a pas seulement un impact sur le climat. Elle agit également sur la santé publique car ce gaz pollue fortement l’air. Elle permettrait d’éviter 260 000 décès prématurés et 775 000 visites à l’hôpital liées à l’asthme.
La forte concentration de méthane dans l’atmosphère a également un impact sur la croissance des plantes. De sorte que cette baisse des émissions permettrait d’éviter la perte de 25 millions de tonnes de blé, soja, maïs, riz par an.
* tous les chiffres présents dans cet article sont au niveau mondial.