Sentinelles du climat, les glaciers étaient au programme du One Planet Polar Summit, le premier sommet international consacré aux mondes polaires et glaciaires.
La France était à l’initiative de cet événement, qui s’est tenu à Paris du 8 au 10 novembre. Chefs d’États et membres de gouvernements de plus d’une quarantaine de pays, scientifiques et ONG s’étaient donnés rendez-vous pour dresser un état des lieux et pousser à une réelle prise de conscience internationale sur la situation critique dans laquelle se trouve aujourd’hui la cryosphère, c’est-à-dire l’ensemble des masses de glace, de neige et de sols gelés.
L’appel de Paris pour les glaciers et les pôles
Plusieurs engagements y ont été pris, en particulier « l’appel de Paris pour les glaciers et les pôles », signé par une trentaine d’États, dont plusieurs pays européens, mais aussi l’Inde, Singapour, la Corée du Sud, Tuvalu et l’Australie. Il manque toutefois les plus gros contributeurs au réchauffement climatique à l’échelle mondiale, que sont la Chine et les États-Unis.
À travers cette déclaration, les États se sont engagés à lancer une « décennie de recherche polaire et glaciaire » de 2025 à 2034. Son objectif consistera à décupler les moyens donnés à la recherche et à renforcer la coopération scientifique internationale. Certains projets de recherche ont déjà été validés, comme « Ice Memory », qui vise à collecter et à préserver des carottes de glace provenant de glaciers menacés de disparition.
Les États signataires se sont également mis d’accord sur la formation d’une coalition « Ocean rise and resilience ». Celle-ci doit rassembler les villes, les états insulaires et les grandes régions côtières qui devront faire face à l’élévation du niveau de la mer. L’objectif sera de renforcer le partage des connaissances, la coopération et la mobilisation des financements. L' »appel de Paris » encourage aussi à l’identification et à la création « d’une aire marine protégée de grande ampleur à l’échelle des hautes mers » en Arctique et en Antarctique.
Un milliard d’euros dans la stratégie polaire française
À l’échelle de la France, le président de la République, Emmanuel Macron, a également fait quelques annonces supplémentaires. « J’ai décidé d’investir un milliard d’euros dans notre stratégie polaire pour l’Arctique et l’Antarctique », a-t-il déclaré. Cinquante millions d’euros devraient être destinés à la construction d’un nouveau navire océanographique, baptisé « Le Michel Rocard », en hommage à l’ancien Premier ministre socialiste (de 1988 à 1991). Ce bateau sera capable de naviguer dans les glaces épaisses des mers polaires. Il devrait permettre d’organiser de nouvelles recherches et expéditions dans le Pacifique Ouest et l’Antarctique.
Une personnalité juridique pour les glaciers
En marge du One Planet Polar Summit, une centaine de scientifiques, d’associations et de personnalités publiques ont signé un autre appel contenant quatre propositions : la reconnaissance d’une personnalité juridique pour les glaciers ; l’introduction d’enseignements scolaires pour sensibiliser à leur protection et renforcer la connaissance du cycle de l’eau ; l’instauration d’un cadre de protection pour les écosystèmes post-glaciaires afin d’éviter leur exploitation commerciale; l’interdiction ou l’arrêt définitif d’aménagements pouvant les affecter.
La fonte accélérée des glaces de l’Arctique et de l’Antarctique est l’une des conséquences les plus préoccupantes du changement climatique. Depuis 1994, le taux de fonte des glaces a augmenté de 65 %, passant de 800 milliards de tonnes par an à 1 300 milliards en 2017.