Le parc zoologique Marineland d’Antibes héberge depuis peu un nouveau pensionnaire : un ours polaire femelle qui a vu le jour le 26 novembre 2014. Elle est câlinée depuis près de trois mois par sa mère, dans une tanière de 9m3, à l’abri des regards. Aucun vétérinaire de Marineland n’a eu besoin d’intervenir depuis sa naissance, même si une équipe veille jour et nuit sur les deux mammifères, grâce à des caméras.
Dans un entretien que nous a accordé Manuel Garcia-Hartmann, vétérinaire du parc, celui-ci tire la sonnette d’alarme. Il explique pourquoi, plus que jamais, Marineland représente une « Arche de Noé » pour cette espèce en voie de disparition.
L’ours polaire est une espèce en voie de disparition, notamment à cause de la fonte de la banquise. Mais à quel point est-il menacé ?
Le Polar Bear International table sur une disparition de 70 % des ours polaires d’ici à 2025 si le rythme de la fonte de la banquise ne faiblit pas. Donc s’il reste identique, les ours polaires risquent de disparaître car ils ne sont pas assez nombreux pour se reproduire. Le problème, c’est qu’ils sont sur le haut de la pyramide des prédateurs, et s’ils sont amené à disparaître, cela pourrait avoir de graves conséquences sur l’écosystème en général.
Le but de Marineland est-il, sur le long terme, de repeupler la banquise ?
Absolument. C’est la fonction d’un zoo moderne. Autrefois, les zoos étaient une forme de musée où l’on réunissait des collections d’animaux exotiques, mais plus aujourd’hui. Pour certaines espèces qui avaient totalement disparues de la nature, les zoos représentent un peu une Arche de Noé. Il faut préserver au maximum le patrimoine génétique des espèces menacées. La reproduction est donc très importante.
Les ours polaires de Marineland sont-ils capables de retourner dans la nature ?
L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre, l’ours est capable de suivre son instinct. De plus, certaines espèces qui étaient déclarées disparues comme les chevaux de Przewalski, ont pu retourner dans la nature grâce aux actions menées dans les zoos.
J’espère qu’on n’en arrivera pas jusque-là avec les ours, mais c’est un scénario envisageable avec le changement climatique et la fonte de la banquise. On souhaiterait avant tout que l’espace sauvage des animaux soit préservé. Ils ne seront relâchés que si les conditions climatiques sont bonnes. Sinon les ours sont condamnés à mourir dans la nature, car nous les hommes, sommes incapables de changer nos modes de vie. Mais personne ne peut vraiment prédire à 100 % l’état de la banquise dans les décennies à venir.
Marineland pourrait donc devenir un musée vivant ?
Les zoos sont un petit peu comme des sanctuaires. L’écosystème ne fonctionne plus parce que l’homme a fait trop de dégâts. Et l’ours polaire est l’emblème de cet écosystème. Un changement de 2°C à Paris, ça ne représente rien, mais aux pôles, beaucoup de choses sont bouleversées. C’est pour cela qu’ils sont les premiers touchés. Les ours polaires meurent de faim à cause de 2°C de plus. Si l’on ne change rien, les ours vont disparaître dans la nature, et le rôle des parcs zoologiques sera encore plus important.
Pour + d’infos :
Le prénom du bébé n’a pas encore été choisi. Marineland souhaite faire participer le public pour le baptiser. Comme en 2013 après la naissance du bébé orque, un concours sur la page Facebook du parc sera organisé, avant qu’un jury ne tranche. Alors si vous avez quelques idées, n’hésitez pas à la soumettre ! Pour vous aider, sachez que la mère s’apelle Flocke, et le père Raspoutine.