Date de sortie : 23 mai 2022
Réalisateur : Guilaine Bergeret et Rémi Rappe
Des perce-oreilles qui léchouillent consciencieusement leurs œufs pour éviter qu’ils ne moisissent, des fourmis bergères qui veillent sur leur troupeau de pucerons, des chrysopes qui s’accouplent, des bébés escargots complètement translucides… C’est tout cela que donne à voir le documentaire Le Petit peuple du potager. Des images tout simplement fascinantes. « Ce sont souvent les espèces exotiques qui font l’objet de toute l’attention. Celles de nos jardins sont tout aussi fascinantes mais elles sont moins représentées », souligne Marine Chambon, de Grenouilles production, qui a coproduit le film.
De la macrovidéo à mille images par seconde
Grâce à des techniques de macrovidéo à mille images par seconde, nous sommes au plus près de ce micromonde, on sentirait presque le souffle du battement des ailes des papillons. Celles du papillon citron, as du camouflage, ressemblent à s’y méprendre à des feuilles. « Il y avait un studio extérieur dans le potager et deux autres dans la maison de la réalisatrice. Certaines séquences sont donc tournées en intérieur, en ruche ou en terrarium, ce qui explique que les réalisateurs ont pu ainsi filmer de très près, notamment la reproduction des chrysopes », poursuit Mme Chambon.
Pendant deux ans, les réalisateurs Guilaine Bergeret et Rémi Rappe ont filmé un potager en permaculture dans la campagne poitevine. 52 minutes d’immersion dans la vie des insectes. Et pas seulement les « jolis » tels que les bourdons : on croise des arachnides, des chrysopes qui sirotent des pucerons, des chenilles du macaron qui imitent les fientes des oiseaux… 52 minutes aussi qui illustrent l’importance de l’équilibre entre les espèces, équilibre menacé par l’usage de pesticides. On apprend par exemple que le chou fleur attaqué par des chenilles libère une odeur particulière. Celle-ci appelle à la rescousse une guêpe parasitoïde, qui vient boulotter les chenilles.
Tout cela rappelle Microcosmos, le célèbre film du réalisateur écologiste Jacques Perrin décédé fin avril.
En tout cas, espérons que ce film pédagogique et poétique nous aidera à surmonter ce que le philosophe pisteur de loups Baptiste Morizot appelle la « crise de la sensibilité », soit « l’ appauvrissement de ce que nous pouvons sentir, percevoir, comprendre et tisser comme relations à l’égard du vivant ». À voir le 23 mai à 18h55 sur Arte, en replay jusqu’en août, et dans certains cinémas (à Montpellier, Cestas, Toulouse ou Auterive).