Les « polluants éternels », plus connus sous le nom de PFAS (pour per- et polyfluoroalkylées), sont ces substances chimiques développées par l’industrie à partir des années 1940 pour leur résistance à l’eau et la chaleur.
Les PFAS sont partout, y compris dans les cheveux des députés
Elles sont utilisées dans de nombreux domaines industriels et produits de la vie courante : dans les cartons entourant les burgers ou les pizzas, dans les mousses anti-incendie, ou bien dans la fabrication du Teflon des poêles antiadhésives. Le Monde a publié récemment un article sur leur présence dans les cheveux des députés. Le hic : ces substances se décomposent très lentement et sont extrêmement persistantes dans l’environnement, d’où leur surnom. Elles sont aussi soupçonnées d’avoir des impacts sur la santé humaine : cancers, infertilité, cholestérol…
Un plan gouvernemental nécessaire mais jugé insuffisant
En janvier, le gouvernement a publié un plan pour lutter contre ces polluants éternels. Celui-ci vise à réduire les risques à la source, à poursuivre la surveillance des milieux, à accélérer la production des connaissances scientifiques et à faciliter l’accès à l’information pour les citoyens. À travers ce plan prévu pour les années 2023 à 2027, le gouvernement prévoit notamment de mettre en place des normes de rejets et de porter au niveau européen une demande d’interdiction pour supprimer les risques liés à l’utilisation ou la mise sur le marché des PFAS.
Fin juin, le gouvernement a également publié un arrêté imposant un état des lieux de la présence de PFAS dans les rejets aqueux des sites industriels susceptibles d’utiliser des « polluants éternels ». « On ne peut que s’en féliciter, a déclaré au Monde le député Nicolas Thierry, à l’initiative du test capillaire effectué sur 14 députés EELV. Mais on ne peut pas se contenter de contrôler les sites émetteurs, j’ai des PFOA [une molécule PFAS]dans les cheveux alors que je ne vis pas à proximité d’une entreprise qui en rejette. »
Une proposition de loi pour aller plus loin
Ce député de Gironde estime que c’est la présence des PFAS dans l’eau potable qu’il faut contrôler de toute urgence. Il a déposé en avril une proposition de loi visant à lutter contre les risques liés aux PFAS. Celle-ci propose d’interdire les PFAS à partir du 1er janvier 2025 quand ils ne sont pas indispensables comme dans les emballages alimentaires et les mousses anti-incendie, de contrôler sur l’ensemble du territoire leur présence dans l’eau potable et d’inscrire dans la loi le principe de pollueur-payeur pour les entreprises responsables de ces pollutions.
Ce texte «n’est pas révolutionnaire», a anticipé Nicolas Thierry pour mettre fin aux réticences. Plusieurs pays européens, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Norvège, poussent aussi en faveur de cette interdiction. Tandis que le Danemark a de son côté interdit depuis 2020 l’utilisation de PFAS pour plusieurs usages.