Avez-vous entendu parler des « méga-bassines » ? Appelées ainsi par leurs détracteurs, ces réserves d’eau sont en construction à plusieurs endroits du territoire et en particulier dans les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime.
À quoi doivent servir les « méga-bassines » ?
Aux yeux de certains agriculteurs et du gouvernement, qui encourage leur développement, celles-ci sont une réponse au manque d’eau pour l’agriculture. Elles doivent permettre l’irrigation en été. 93 nouveaux projets de « bassines » sont prévus en Poitou-Charente.
Comment fonctionnent-elles ?
Il existe déjà plein de réserves d’eau pour l’agriculture en France. Les nouvelles « méga-bassines » ont toutefois une particularité : elles ne sont pas remplies uniquement d’eau de pluie, mais prélèvent de l’eau dans les nappes phréatiques. L’opération n’a lieu qu’en hiver, au moment où celles-ci sont censées être au plus haut.
Pourquoi posent-elles problème ?
Le problème, c’est que la sécheresse est désormais aussi présente en hiver. Pomper les nappes à ce moment-là reviendrait à maintenir leur niveau bas toute l’année et à fragiliser les milieux aquatiques et naturels qui en dépendent.
Quel est le souci de l’irrigation ?
Pour beaucoup, les « méga-bassines » ne sont aussi qu’un pansement face à un problème plus grand à combattre. Au lieu de continuer à irriguer des cultures gourmandes en eau comme le maïs, il vaudrait mieux se tourner vers une agriculture plus résiliente et respectueuse de l’environnement. D’ailleurs, seuls 5 % des agriculteurs pratiquent l’irrigation en France. Ce qui laisse aussi penser qu’il s’agit d’un accaparement d’une ressource commune au profit de quelques-uns.
Des bassines dans l’illégalité
Plusieurs collectifs et associations luttent contre les « méga-bassines » et le modèle agricole qu’elles représentent. C’est le cas de Bassines non merci, des Soulèvements de la Terre, du syndicat agricole Confédération paysanne ou France Nature Environnement. Ensemble, ils ont interpellé la justice sur ces projets.
Le 22 février, la cour d’appel de Bordeaux a notamment confirmé que le prélèvement d’1,6 million de mètres cubes d’eau prévu pour 6 réserves était illégal, car il n’était pas conforme au schéma d’aménagement et de gestion des eaux.
Le Conseil d’État a aussi rejeté le 3 février le recours porté par une association d’agriculteurs souhaitant construire des bassines, confirmant une décision préalable de la cour administrative de Bordeaux interdisant l’utilisation de cinq autres bassines.