Les moustiques sont partout, y compris les moustiques tigres désormais dans toute la France métropolitaine. On entend leur bourdonnement, on se fait régulièrement piquer. Certains d’entre eux sont vecteurs de maladies comme la dengue, qui, elles aussi, se développent jusque sur le territoire métropolitain où elles étaient absentes auparavant. Pour lutter contre ces moustiques qui ont mauvaise presse et les maladies qu’ils véhiculent, l’une des méthodes mises en avant par l’Organisation mondiale de la santé consiste à utiliser la technique de l’insecte stérile (TIS).
Concrètement, il s’agit d’élever de grandes quantités de moustiques mâles – qui eux ne piquent pas –, de les stériliser à l’aide de rayons X, puis de les relâcher dans la nature. Les accouplements avec les femelles ne donneront pas de naissance, ce qui contribuera à diminuer la population de ces insectes.
Une technique mise au point dans les années 1950
La technique a été mise au point par deux entomologistes du ministère de l’Agriculture aux États-Unis dans les années 1950. Elle a d’abord été utilisée pour combattre les insectes ravageurs qui attaquent les cultures et le bétail, comme la mouche à fruits.
La technique de l’insecte stérile a notamment été utilisée contre les moustiques dans un quartier de l’île de La Réunion entre juillet 2021 et août 2022. 150 000 à 250 000 moustiques mâles stériles y ont été lâchés de manière hebdomadaire, pendant 52 semaines. Soit près de 11 millions au total. Bilan ? Jusqu’à 60 % de naissance en moins dans la zone.
Une start-up française inspirée par la technique
En France, la start-up montpelliéraine Terratis veut s’inspirer de cette technique pour lutter localement contre le moustique tigre. Son lancement est prévu d’ici à la fin de l’année. Elle sera alors la première entreprise française à industrialiser la technique de l’insecte stérile. Concrètement, elle a annoncé qu’elle ferait des premiers lâchers « pilotes », avant d’ouvrir une grande « ferme à moustiques » d’ici à 2028.
« On ne vise pas l’éradication de l’espèce, mais la diminution de la population de moustiques tigres, sur les territoires où ils sont nuisibles » a déclaré auprès de 20 Minutes la cofondatrice de Terratis, Clelia Oliva. Tout en ajoutant que c’est « une technique qui ne s’utilise pas seule. Il faut continuer à faire des efforts pour ne pas « recharger » l’environnement en moustiques tigres. »