Des flancs de montagne caillouteux, recouverts d’une chantilly scintillante, une canopée saupoudrée, le vent frais et sec qui rosit les joues et emplit les poumons, le silence, parfois, qui apaise… La montagne, c’est tout ça. C’est aussi des déchets, des vallées ravagées par des pistes de ski, des embouteillages sur les routes, qui polluent l’air… Tenez, la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, près du Mont-Blanc et de la station de Chamonix, est même devenue, l’hiver, un des secteurs les plus pollués de France. En cause, le chauffage au bois et le trafic de voitures et de camions.
« Créer un kilomètre de piste, c’est comme créer un kilomètre d’autoroute mais sans enrobé », se désole dans le Dauphiné Libéré Vincent Neirinck, de l’association de protection de la montagne Mountain Wilderness. Et le choix de multiplier les pistes est d’autant plus curieux qu’avec le réchauffement climatique, de multiples stations, notamment en moyenne montagne, vont disparaître.
Les canons à neige qui puisent dans les ressources en eau, les embouteillages, les pistes qui abiment faune et flore, les logements utilisés seulement quelques semaines par an… «La station verte n’existe toujours pas et n’existera jamais. Mais il n’y a pas une station qui n’ait pas conscience des enjeux climatiques auxquels elle doit faire face », rappelle, dans Slate, Camille Rey-Gorrez, directrice d’une association chambérienne, Mountain Riders. Vous pouvez par exemple consulter les stations récompensées par le label Flocon Vert.
Dans tous les cas, la question d’un tourisme durable dépasse de loin la seule question du ski. Rappelons-le : très peu de Français partent au ski ! Les deux tiers des Français ne partent jamais en vacances l’hiver (de début décembre à fin mars), souligne l’Observatoire des inégalités. Partir skier est encore plus rare : seuls 8 % des Français le font au moins une fois tous les deux ans.
Mais du coup, un tourisme respectueux de la montagne, ce serait quoi ?
« Le manque de neige va pousser les stations à se retourner sur leur propre territoire, prédit Vincent Neyrinck. C’est un défi redoutable : changer la vision que les gens ont de la montagne, ceux qui y viennent, ceux qui y vivent et ceux qui la gèrent », explique-t-il au journal le Soir. Verra-t-on bientôt, à la place des prospectus affichant des visages radieux de skieurs, des images – enfin ! – de montagne, de paysages scintillants, de faune et de flore ? Au-delà des sports doux, comme la raquette, et du développement des sports d’été (VTT, randonnées, luges d’été…, pour que la montagne ne rime pas qu’avec « neige ») il est possible de vanter un patrimoine, un territoire, une culture, une gastronomie…
C’est en tout cas une équation difficile : rendre la montagne accessible – pourquoi serait-elle réservée à quelques uns, locaux ou touristes fortunés ? – tout en la préservant.
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Crédit photo : James Marvin Phelps et chripell