Le fait que les candidats français aux élections européennes du 26 mai aient hissé le pavillon de l’urgence climatique était déjà plutôt une bonne chose. Et après le score élevé obtenu par le principal parti français écologique hier, un petit vent d’espoir s’est clairement levé.
Les promesses écologiques des différents candidats seront-elles tenues au niveau européen ? Beaucoup de propositions concrètes ont été proposées dans le cadre de la campagne et beaucoup allaient dans le bon sens. Des idées judicieuses en matière de financement ont émergé.
Nous en avons tiré une feuille de route très claire. Y’a plus qu’à !
Cinq stratégies à mettre en place :
- Transformer notre agriculture intensive et fortement utilisatrice de pesticides en une nouvelle agriculture (petites exploitations en agriculture raisonnée ou bio quand cela est possible, recours à la permaculture, l’agroécologie, réimplantation du bocage, …)
- Isoler nos bâtiments en mettant en place des normes strictes pour les constructions à venir et des systèmes de déduction fiscale pour l’isolation des bâtiments existants
- Capitaliser sur le rail : réhabilitation des petites lignes, des trains de nuit et du frêt ferroviaire
- Sortir des hydrocarbures d’ici à 2050 en investissant dans une politique d’énergies renouvelables avec une approche très locale, qui tienne compte des spécificités géographiques, géologiques, sociales et économiques des territoires
- Mettre en place un programme de recyclage afin que les matières premières puissent être réutilisées plutôt que détruites
L’Europe développerait alors une expertise qu’elle pourrait partager autour d’elle, en Afrique ou en Amérique du Sud, par exemple, pour épargner à ces pays nos cent ans de pollution et gaspillage.
L’argent, quand on veut, on le trouve :
500 milliards par an pendant 10 ans pour assurer la transition écologique, cela peut paraître beaucoup …
Deux chiffres qui permettent de nuancer :
1.000 milliards €, c’est le montant créé en quelques jours par la BCE (Banque Centrale Européenne) lors de la crise 2008 et dont la majorité est partie à la spéculation et dans les banques privées. « Si l’écologie était une banque, on l’aurait déjà sauvée », nous dit le Pacte Finance-Climat (PFC).
5.000 milliards $, c’est le montant disponible dans les réserves des grandes compagnies pétrolières prêt à être investi dans les 10 années à venir (d’après l’ONG Global Witness).
Il y a bien de l’argent un peu partout. Reste à créer, comme l’ont suggéré de nombreux candidats, une Banque Européenne pour le Climat et la Biodiversité (BECB) qui proposerait des prêts à taux privilégiés. En considérant que chacun a pris un peu à la planète et que chacun doit contribuer, on pourrait imaginer l’instauration d’un « impôt vert européen», proportionnel au revenu des particuliers, ainsi qu’une taxe de 3% à 5% sur les bénéfices non réinvestis des grandes entreprises. Les fonds d’investissement et autres établissements financiers viendraient boucler ce budget.
Les dépenses attribuées à la transition écologique pourraient sortir de la règle européenne des 3% de déficit public, dans la lignée de ce qu’a proposé le PFC.
Vont-ils s’entendre et mettre la main au porte-monnaie ?
Voici un petit schéma formidable édité par l’AFP qui permet de comprendre d’un seul coup d’œil les grandes tendances politiques au sein de l’Europe après les élections.
Tous ces petits carrés vont-ils pouvoir s’entendre pour prioriser l’enjeu de la transition écologique ? Et qui dit prioriser dit légiférer et financer !
Au niveau français en tout cas, cela devrait fonctionner. Les carrés jaunes et roses ont proposé tout au long de la campagne des axes très similaires à ceux que défendaient les carrés verts depuis longtemps. Si nos candidats tiennent leur promesse, nous avons bon espoir que la France hisse l’étendard vert et entraîne à sa suite l’ensemble de la vieille Europe. Il faut juste que tout cela se fasse rapidement.