Le chat de Benjamin avait délicieusement tendance à se lover sur ses genoux quand il pianotait sur son ordinateur. Alors, quand il a fallu se trouver un pseudo, ce PAF, ou « père au foyer », n’a pas hésité: ce sera Till The Cat. Six ans et moult anecdotes quotidiennes narrées avec beaucoup d’humour plus tard, son blog est suivi par bien des parents. Rencontre avec ce PAF emblématique.
Pourquoi avoir voulu créer un blog?
J’ai créé le blog il y a six ans, quand ma fille avait un an ou deux. Je fréquentais des forums de discussions sur la grossesse et la maternité et j’étais le seul papa à prendre part aux discussions. Je me suis rendu compte que ça plaisait d’avoir l’avis d’un papa. Parallèllement, j’écrivais des avis de consommateurs en ligne, avec un ton humoristique et ça plaisait aussi ! Le troisième ingrédient, c’est que j’aimais les blogs de “mauvaises mères”, qui présentent la parentalité de manière pas forcément rose. J’ai eu envie de créer mon propre blog de manière rigolote.
Qu’est ce que tu racontes dans ce blog?
Un peu tout et n’importe quoi. Ma vie de père au foyer, forcément, mais aussi des anecdotes liées au quotidien, ou bien des délires qui n’ont rien à voir, je fais des montages photos avec des Barbies et des Playmobil… Il n’y a pas de limite ! Je mets des recettes de cuisine aussi.
Quand tu as commencé, tu n’avais pas peur d’être cul-cul?
Je suivais un blog de papa, fermé depuis, qui était très drôle. Quand j’ai commencé à écrire, il m’a alerté sur le fait que j’étais trop guimauve, ça m’a bousculé ! J’aurais pu sombrer du côté obscur, mais j’essaye de ne pas le faire. Les tout premiers articles n’ont pas le ton d’aujourd’hui.
Le fait que tu sois un père, et non une mère, change-t-il quelque chose, selon toi?
Au tout début, oui. Les mamans blogueuses, ou les mères plus globalement, n’ont pas l’habitude qu’un papa s’implique dans la vie parentale et en parle. Il n’y a pas beaucoup de PAF, même si ça évolue. Certaines ou certains pensent que les points de vue sont différents. Mais en fait non, ce n’est pas une question de sexe, on est tout autant capable de s’occuper d’un enfant.
Tu regrettes qu’il y ait peu de PAF?
Oui, parce que certains hommes ne se l’autorisent pas, alors que certaines femmes aimeraient qu’il y ait plus d’investissement masculin pour qu’elles aient accès à une carrière professionnelle. Si je peux mettre un coup de pied dans les stéréotypes pour que les choses évoluent, je le fais avec plaisir.
Quelle image accole-t-on au PAF?
Soit on est un superhéros – et il n’y a pas lieu que ce soit le cas ! -, soit on considère que tu ne fais rien de tes journées, sinon un “métier de gonzesses”. Je n’ai jamais été confronté à ça, mais peut-être qu’on le dit derrière mon dos ! Pour les nouvelles générations, c’est moins illogique. Je pense que c’est plus difficile pour les femmes : comme il y a peu de père au foyer, on ne se permet pas de jugement, l’image du pionnier passe en premier!
Tu as observé une évolution depuis toutes ces années?
Il y a plus de papas blogueurs, et en général, il y a plus de pères qui s’impliquent. Ca fait huit ans que je suis un PAF, je remarque que depuis que mes filles vont à l’école, il y a de plus en plus de père à la sortie des classes, les choses bougent un peu.
Pourquoi avoir décidé d’être un PAF?
J’ai toujours eu une fibre paternelle, j’ai toujours aimé m’occuper des enfants. J’ai été tonton à l’âge de 7 ans, donc j’ai donné des biberons et changé des couches très tôt. Un de mes cousins avait fait ce choix-là une dizaine d’années avant moi. J’ai pris conscience que c’était possible et sympa ! Je l’enviais un peu. Mais l’envie de devenir moi-même un PAF est née pendant la grossesse de ma femme, au tout début. On en a discuté rapidement et voilà ! En plus, j’avais déjà quitté mon job avant le « projet-bébé » parce qu’on avait changé de région pour son travail à elle.
Quels en sont les avantages? Les inconvénients?
On n’est pas obligé de se coltiner des collègues de travail, un chef, des objectifs et toutes sortes de pressions quotidiennes… L’inconvénient, c’est qu’il n’y a pas de congés payés ni de congés maladies. Il faut toujours assurer.
Tu as créé Paroles de Blogueurs, des pastilles vidéos de rencontres entre blogueurs parentaux. As-tu d’autres projets?
Le but de « Paroles de Blogueurs » est de partager notre expérience de manière légère et décontracté entre amis. Je pense que l’avenir du bloguing passe par des vidéos, plus que par l’écrit. Sinon, je ne me pose pas trop de questions, tant que je me fais plaisir, j’écrirai. J’écris pour d’autres sites aussi : mon blog m’a ouvert les portes d’une reconversion professionnelle !
Le PAF en chiffres : Selon Libération, qui s’appuie sur une étude de la Caisse d’allocations familiales (CAF), aujourd’hui, les femmes représentent près de 97% des 530 000 bénéficiaires du congé parental, appelé officiellement «complément de libre choix d’activité» (CLCA). Les 3% d’hommes qui en bénéficient (soit 18 200 pères) ont souvent des salaires inférieurs à leurs conjointes.