L’erreur, le raté, la débâcle, le plantage, le fiasco : quel que soit le nom que l’on choisisse de lui affubler, l’échec est tabou. Il fait peur. Au point de nous immobiliser parfois complètement. A tort ! Car se planter a aussi du bon.
On est allé interroger Lucie Garmier. Elle a fondé Effisciences, une agence de conseil, de formation et de préparation mentale pour les sportifs de haut niveau. Son rôle : nous aider à développer notre relation avec nous-même et avec les autres, grâce à une approche cognitive et comportementale. En clair, mieux comprendre les liens entre émotions, réactions comportementales, et ce qui se passe dans notre cerveau pendant ce temps-là.
Pourquoi a-t-on peur de l’échec ?
« C’est un problème sociétal, en partie issu de notre culture chrétienne, qui introduit des notions de bien, de mal. Il ne faut pas faire d’erreurs, il ne faut pas pécher. Paradoxalement, aux États-Unis, l’échec n’est pas du tout perçu de la même manière. Par exemple, lorsque l’on veut créer son entreprise et que l’on est en recherche de financement, le fait d’avoir déjà eu une société et d’avoir fait faillite est un plus, non une tare. C’est signe que l’on a de l’expérience, que l’entrepreneuriat ne nous est pas étranger. Outre-atlantique, on part davantage du principe que l’on apprend de ces erreurs. »
Mais est-ce vraiment un tort d’avoir peur d’échouer ?
« L’échec fait partie intégrante de l’apprentissage. Lorsque l’on agit, on ne peut pas toujours être dans le juste de premier coup. Et ce n’est pas parce qu’on n’y arrive pas tout de suite que l’on est nul, qu’on n’y comprendra jamais rien. On a tendance à percevoir l’erreur comme quelque chose de définitif, alors qu’elle entre dans un processus global. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas la craindre. »
Quelle est la conséquence de cette peur ?
« Elle peut entraîner l’inaction. Tant que tout n’est pas parfait, qu’on ne se sent pas prêt à 100 %, on n’ose pas se lancer. Mais en réalité, c’est là que se situe l’échec. Quand on est tétanisé par la peur d’échouer et que l’on arrive pas à avancer. »
L’erreur serait donc bénéfique ?
« Oui, tout à fait. Notre cerveau a besoin des erreurs pour apprendre. En permanence, il analyse la situation, essaie de prédire son issue, positive ou négative. Lorsque le cerveau n’a pas bien anticipé la situation, il produit un signal d’erreur. Celui-ci engage des émotions qui sont des marqueurs cognitifs. On imprime ce moment et c’est ensuite le cortex préfrontal qui prend le relais pour réévaluer la situation, s’adapter, prendre des décisions. On comprend donc que l’échec n’a rien de définitif. Il nous aide à apprendre. Il n’existe pas une zone de la réussite et une zone de l’échec dans notre cerveau. Car nous sommes en permanence en train d’apprendre, de créer de nouvelles cellules, de nouveaux systèmes neuronaux. Ce qu’il faut, c’est changer de stratégie pour ne pas répéter ses erreurs. »
Quels conseils donneriez-vous pour ne pas être bloqué par la peur de l’échec ?
- « Cela peut sembler tout bête, mais il faut commencer par accepter ses faux pas, apprendre à reconnaître ses pensées automatiques du type « j’ai raté, donc je suis complètement nul, je n’y arriverai jamais ».
- Ensuite, apprendre à mieux gérer ses émotions négatives et essayer de comprendre son erreur. Décoder les raisons de son échec, être ouvert aux critiques, les accepter avec bienveillance.
- Reste à se fixer de nouveaux objectifs, pour éviter de réitérer ces mêmes erreurs. Pour cela, ne pas hésiter à se faire aider, puis tester sa nouvelle stratégie.
- Enfin, se dire qu’il y a une part d’incontrôlable. Parfois, on se plante et on n’y peut rien. Il y a des éléments sur lesquels on n’a pas d’emprise. »
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